7 septembre 2022
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Félix Raulet, « La subjectivité dans la modalité déontique : le cas des discours politiques durant la crise du covid-19 », DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.tyz0fv
En adressant une phrase employant une modalité déontique (tu dois aller à l’école), un locuteur entend amener son interlocuteur (ou un tiers) à agir. L’étude de la modalité déontique pose ainsi la question de l’obéissance et de l’action. Appréhendée comme la preuve qu’un acte illocutoire a été effectué par le locuteur, sont attendus, à la suite de l’énonciation, des actes perlocutoires de la part de l’interlocuteur. Le locuteur peut, cependant, faire varier les sources d’ordre liées à l’usage qu’il fait des énoncés modaux déontiques, qu’il les prenne en charge et les modalisant personnellement (subjectivité) ou qu’il articule l’obligation ou la nécessité d’agir à une source d’ordre extérieure (objectivité). Cette question, nous l’abordons dans le discours politique de crise du covid-19 en France, car d’aucuns auront remarqué que ces discours ont fréquemment manifesté une certaine déonticité. En s’intéressant à plusieurs formes linguistiques (énoncés modaux déontiques incluant falloir, incluant devoir, énoncés et performatifs) nous essayons de déterminer le lien que ces formes peuvent entretenir avec une lecture objective ou une lecture subjective des énoncés qu’elles permettent de construire. Plus largement, c’est également la question de l’« impérativité » des énoncés modaux déontiques que nous posons, en distinguant deux paramètres : la source déontique (i.e. la source d’ordre) et le sujet déontique (i.e. l’agent auquel il incombe d’agir). Chacune des formes linguistiques susmentionnées permet d’articuler ces deux paramètres selon un degré de manifestation et d’explicitation qui peuvent varier. L’hypothèse étant faite que ces paramètres influent sur la réalisation de l’acte illocutoire (du côté du locuteur) et sur la réalisation des actes perlocutoires post-énonciation (du côté des destinataires), nous proposons une double lecture du discours politique de crise : une lecture linguistique et une lecture plus politique, axée sur la relation gouvernants/gouvernés, qui est pleinement manifestée dans le discours.