2011
Cairn
Myriam Szejer, « Propos sur le complexe de Moïse », Figures de la psychanalyse, ID : 10670/1.u3voyp
L’humain a besoin des mots de son passé pour vivre dans sa véritable identité. Un enfant, dès son plus jeune âge, a le droit de grandir dans son histoire, celle qui a présidé à sa conception et a façonné son développement fœtal sans disjonction d’avec celle d’après sa naissance. L’exploitation de l’amnésie infantile consistant à nier l’existence de souvenirs oubliés du début de la vie d’un sujet est une négation d’une partie fondamentale de celui-ci. Les abandonnés peuvent exprimer dès le début de leur vie des signes traduisibles en demande de sens. C’est entre les lignes de leur histoire et de la nomination que s’ouvre pour eux l’accès au symbolique. Pour aider un orphelin à vivre sa destinée particulière au mieux, il faut admettre qu’il doit supporter toute sa vie les traces d’une blessure primordiale autant réelle que symbolique et à chaque niveau incicatrisable. Sa déstinée, l’enfant adopté en gardera l’empreinte sur son chemin avec ce qui lui en aura couté. Il restera sans aucun doute fils de ses parents adoptifs, mais également fils de ses parents biologiques. La double loyauté, si elle ne fonctionne pas dans le registre légal, restera inscrite dans l’inconscient, et pourra être à l’origine de toutes sortes de symptômes souvent inexplicables.