1981
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Thierno Mouctar Bah, « Les forts français et le contrôle de l’espace dans le Haut-Sénégal-Niger (1855-1898) », Publications de la Société française d'histoire des outre-mers, ID : 10670/1.uaogsr
La présence européenne en Afrique s’est très tôt matérialisée par l’implantation de forts ; cette architecture militaire, appuyée par l’artillerie, apparaît comme le principal fondement de la suprématie de l’Occident dès la fin du XVe siècle. Jusqu’au milieu du XIXe siècle cependant, ces forts occupent une position marginale et répondent au seul souci de créer une sphère d’influence commerciale ; mais à partir de 1855, ils cessent d’être un simple abri pour traitants et s’intègrent dans une vaste stratégie offensive en vue de la domination territoriale. L’espace géographique du Haut-Sénégal-Niger que convoite alors la France est contrôlé par des leaders d’une grande étoffe qui, après les siècles obscurs de la Traite, tentent de recréer de vastes ensembles politiques : ce sont El Hadj Omar et son fils Ahmadou, et Samory Touré. Conscients du danger que représentaient pour la souveraineté de leur pays ces «Bâtisses en pierre des Européens», ils tenteront en vain d’empêcher leur édification. Faidherbe, nommé gouverneur du Sénégal en 1854, fut l’un des premiers à poser le principe de l’occupation effective ; pour cela, il projeta la création d’une voie de pénétration échelonnée de forts ; celui de Médine apparaît dès le début comme le symbole de la suprématie militaire de la France. Mais c’est surtout à partir de 1880 que la castrametration apparaît comme l’un des soucis majeurs des techniciens de la colonisation, dont l’objectif était d’établir la jonction Sénégal-Niger. Tout au long de la période qui s’étend de 1855 à 1898, les résistants africains, malgré leur héroïsme, ne purent jamais déloger les Français de leurs forts ; par contre, la puissance de feu de l’artillerie parvint toujours à réduire les Tata (forteresses africaines en argile) les plus puissants. En ce sens on peut dire que l’implantation des forts a grandement contribué au travail de Sage qui a favorisé la conquête de l’Afrique dans la deuxième moitié du XIXe siècle.