2006
Cairn
André Gattolin, « De la nécessité d'un nouvel écosystème politique », Multitudes, ID : 10670/1.uli769
Au fil de son histoire, l’écologie politique a connu une dissociation de plus en plus marquée entre ses finalités idéelles et les moyens mis en œuvre pour y parvenir. Ses praxis et ses modes initiaux d’organisation, fondés sur l’activisme, l’expérimentation et des formes d’incarnation sociale diversifiées et réticulaires, ont largement laissé la place à des pratiques normalisées et des formes institutionnalisées comme les grandes ONG internationales et les partis verts. Face aux défis nouveaux de la globalisation et de la multitude, l’écologie politique témoigne aujourd’hui d’une inadaptation qui pourrait mettre en cause son avenir. Elle doit donc se doter d’un nouvel écosystème politique, susceptible de réactiver ses ressources et de permettre d’établir des liens dynamiques avec des cultures politiques voisines et des formes d’incarnation sociale n’appartenant pas nécessairement à son biotope originel. Ce réagencement global suppose la mise en œuvre d’une dynamique de « déterritorialisation-reterritorialisation » sur deux dimensions : l’une spatiale (le topos), qui concerne les niveaux géographiques auxquels sa réflexion, son organisation et son intervention entendent s’appliquer ; l’autre thématique (les topics), qui se réfère aux champs spécifiques de la pensée et de l’activité humaine qu’elle doit investir pour ne pas rester confinée à une approche environnementale.