Un oeil de verre perçant dans l’art du XIXe siècle

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7 janvier 2020

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Émilie Piton Piton-Foucault, « Un oeil de verre perçant dans l’art du XIXe siècle », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.ulxtq1


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Congrès de la SERD, dir. Fr. Desbuissons, M.-A. Fougère et É. Wicky, 2020 En ligne : https://serd.hypotheses.org/5916 Un oeil de verre perçant dans l'art du XIX e siècle Émilie PITON-FOUCAULT Université Rennes 2 Les différents « yeux de verre » du XIX e siècle désignent une profusion d'outils de diverses disciplines se servant de l'oeil comme modèle esthétique, technique ou mécanique-un objet optique, une médecine oculaire ou encore un jouet. Or, ces yeux artificiels font apparaître un trouble dans les regards humains qui leur font face longuement. Ces yeux fixes, désormais si réalistes, parviennent à sembler dévisager les êtres malgré leur matière sans vie. Cette étrangeté impossible à vaincre se trouve même dans nos expressions courantes, puisque « ouvrir les yeux » et les « fermer », ont toujours métaphorisé la naissance et la mort. Les progrès des techniques optiques-qu'ils s'incarnent dans des objets de verre comme un binocle, des lunettes, des yeux de poupée, une prothèse ou encore un appareil-photo-, en arrivent ainsi à créer un « autre » regard. Pourquoi le langage a-t-il fondé une telle dissociation sémantique à l'intérieur de cette locution des « yeux de verre » ? Selon nous, cette fêlure semble illustrer parfaitement l'ambiguïté propre au regard, à la fois actif-passif, immobile-figé, dirigé-mobile de manière presque insaisissable. Certains outils de vision réussissent ainsi à faire renaître l'absorption des êtres vivants face à leur propre regard figé, celui de Méduse. Des siècles après, ils pétrifieront tout autant les spectateurs qui leur font face, en particulier dans l'art. On comprend dès lors la difficulté que posent ces yeux aux arts visuels, aussi bien dans la peinture que dans la photographie dès que le portrait les met en arrêt. Certains artistes surmonteront ou s'éloigneront de cette question en prenant une certaine distance avec le regard d'un personnage ; toutefois, certains semblent oser « se frotter » au péril d'un oeil sans vie et sans regard, celui d'un animal empaillé ou d'une poupée-à savoir des yeux de verre. À la suite de ce prélude consacré au langage, à l'imaginaire et aux techniques oculaires, nous tenterons d'« ouvrir nos yeux » sur le détournement des yeux de verre dans la création, en nous centrant sur les portraits picturaux et photographiques de la deuxième moitié du XIX e siècle, confrontant le vrai regard d'un être vivant et les oculaires de jouet, trop réels malgré leur fixité. Nous nous arrêterons enfin sur Émile Zola, artiste associant cette idée terrifiante aussi bien en art visuel qu'en littérature. Son écriture et sa propre pratique photographique soutenue à la fin du siècle reflètent une irrépressible envie de représenter des objets artificiels qui aspirent notre vision, à la manière d'un mythe moderne. Cet art zolien de l'oeil artificiel sera finalement un exemple saisissant du malaise de la création que des artistes du XX e siècle reprendront par la suite.

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