12 novembre 2010
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Philippe Payen de la Garanderie, « Georg Trakl : le cri de la correspondance », Collection L'intime, ID : 10670/1.um3hn0
Malgré une relative indigence documentaire (152 lettres conservées), l’étude de l’œuvre épistolaire du poète autrichien Georg Trakl (1887-1914) conduit au cœur de la question qui fut sa grande affaire : celle du langage, pour la conquête duquel il lutta douloureusement toute sa vie. Incapable de soutenir la tension née de la dissociation existentielle du sujet, l’écriture épistolaire voit voler en éclats sa double fonctionnalité traditionnelle, abandonnant en quelque sorte à la création poétique la fonction expressive du langage (discours), ne retenant pour elle, progressivement, que la fonction communicative, à travers le cri (acte) qu’elle adresse au monde. Dans cette distribution singulière, car paradoxale, se constitue, tragiquement, une œuvre double, dissociée, par quoi le sujet lutte pour son unité en même temps qu’il en consacre son impossibilité.