2022
Cairn
Vincent Vivès, « La mélodie française, ou l’élégie critique », Romantisme, ID : 10670/1.ung1nb
Inscrite dans les enjeux qui se tissent au xixe siècle entre poésie et musique, la mélodie française se constitue en contre-modèle, dans une posture critique qui tend à mettre en cause l’esthétique de l’intentionnalité romantique (présence d’une subjectivité organisant sens et sensibilité, déterminations historiques ou divines contaminant le matériau). Tard venue dans le siècle au regard de la romance et du Lied, elle donne congé à cette intentionnalité généralisée : en elle, le sujet et l’objet se dissolvent au profit d’une conscientisation du « caractère mortel de l’expérience sensible » (Adorno). À l’infinitude qui nourrit l’esthétique romantique répond la finitude d’un art qui se concentre sur son seul matériau, remplaçant ainsi le sentiment élégiaque romantique par l’idée de la nécessité de faire le deuil, précisément, des deuils à travers lesquels le romantisme avait trouvé sa puissance d’expression.