11 avril 1997
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Marie-Lise Paoli, « Les musiques imaginaires de Michael Tippett : des figures mélopoétiques à l'oeuvre musical », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.uqqv1k
En découvrant le lien secret qui unit les œuvres lyriques aux autres œuvres vocales et instrumentales, la notion d'œuvre musical" s'impose pour penser l'ensemble des musiques de Michael Tippett. En tant qu'objet d'étude, celles-ci sont des musiques imaginaires : ni "texte" (partition), ni objet (disque), ni évènement (concert), mais participant des trois, elles sont cosa mentale. À ce titre, il est impossible de les situer dans un hic et nunc, ce qui ne veut pas dire qu'elles soient coupées de l'espace et du temps. Seulement, comme le souligne Jankélévitch, "celui qui cherche la musique quelque part ne la trouvera pas". Que la musique, et plus particulièrement le chant, soit de l'ordre du païen, voilà ce que suggère admirablement le substantif "melo poétique". Masculin et féminin, le terme s'applique indifféremment à l’œuvre du créateur et a celle du critique. Pris comme adjectif, il est tout indique pour qualifier des figures qui, chez Tippett, sont a la fois musicales et littéraires, étant donne qu'elles résultent d'un double processus de création, celui d'un compositeur qui est son propre librettiste et qui n'a cessé d'écrire de la "musique a texte". L’étude envisagée part, en effet, de figures isolées pour aboutir à l'œuvre entier. Les "préfigurations" visent à donner d'emblée un aperçu des dominantes de l'œuvre qui sont développées ultérieurement dans une perspective différente. Hermès, divinité tutélaire du compositeur, sert ensuite de guide dans l'œuvre lyrique, ou il se matérialise sous de nombreux aspects, pour qui saint le reconnaitre. La se situe le tournant entre ce qu'il aura été convenu de nommer le "melo poétique" et le musical proprement dit. Au-delà des figures, sont alors prises en compte toutes les composantes de ces œuvres qui mélangent, entre autres, les genres, les cultures, le sacre et le profane, la voix et les instruments. De plus, en échappant a toute classification, elles appellent une figuration transversale, un discours qui franchisse les frontières établies pour pouvoir les "décrire". Autant de qui mettent en résonance la multiplicité des figures et l'unicité du fond qui en est solidaire.