2018
Cairn
Emmanuelle Tulle, « Une nouvelle forme de vie ? Reconstruire le corps vieillissant par l’activité physique », Gérontologie et société, ID : 10670/1.utb8fv
Dans cet article, nous proposons une analyse critique des nouvelles modalités de gestion du corps vieillissant. En particulier, nous nous intéressons à l’activité physique (AP) comme moyen de mettre en œuvre un rapport au corps obéissant à de nouvelles normes de santé et de comportements. Ces pratiques pourraient constituer une nouvelle forme de vie caractérisant le gouvernement de soi dans la société néolibérale (Rose, 2007). Dans les faits, la proportion de seniors qui font une pratique de l’AP en quantité nécessaire pour prévenir les pathologies de la vieillesse reste assez faible. Le nombre croissant d’interventions et la prescription médicale en AP n’ont pas eu le succès escompté auprès des seniors. Pour comprendre leur résistance à l’adoption de cette nouvelle forme de vie, notre regard s’éloigne d’explications qui sont fondées sur la motivation et se tourne plutôt vers les parcours de vie et les corps vécus pour comprendre comment les circonstances historiques, culturelles, structurelles deviennent littéralement incarnées pour permettre à une carrière en AP de se déclencher et de se développer. Comme principe déclencheur, la santé offre des ouvertures mais a aussi ses limites. En partant du corps des individus, nous pouvons retracer les sédimentations discursives dans lesquelles le corps est inséré et noter les tensions entre les discours professionnels, les dispositions et croyances de seniors et leur rapport au corps. Les schémas corporels rencontrés nous permettent d’entrevoir les limites des recommandations du gouvernement néolibéral.