Travail gratuit et économie familiale en Polynésie française

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22 mai 2024

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Lauriane Dos Santos et al., « Travail gratuit et économie familiale en Polynésie française », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.uurbyq


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Cette contribution croise les résultats de deux enquêtes de terrain sur le « travail gratuit en famille » en Polynésie française, territoire ultramarin rattaché à la France par un statut d’autonomie, doté de ses propres institutions de régulation en matière de politique sociale et économique. La première enquête, déployée entre 2021 et 2023 à Tahiti, dans les îles Sous-le-Vent et dans les iles Australes, porte sur la prise en charge des personnes âgées et des personnes en situation de handicap, dans un contexte marqué par une incitation forte, à la fois institutionnelle et morale, à la prise en charge domestique des aîné.e.s et des personnes dépendantes par leurs proches. Les activités de care sont majoritairement déployées dans le cadre de la solidarité intrafamiliale, avec un recours marginal au marché des prestations sanitaires et médico-sociales professionnelles, notamment chez les familles les moins dotées en capitaux économiques. Si certains proches sont reconnus comme « aidants feti’i » par les services sociaux et bénéficient, à ce titre, d’une aide forfaitaire mensuelle dédiée, l’accès à cette prestation n’est pas « de droit ». Elle n'est pas non plus conçue comme la rémunération d’un travail. L’accompagnement et le soin relatifs au care domestique prennent néanmoins une place déterminante dans les trajectoires de vie de certains membres des familles qui se dédient à ces tâches, et pour qui le maintien d’une place dans l’emploi formel s’avère alors difficile. Il en va de même des pratiques de subsistance observées dans la seconde enquête menée depuis août 2023 à Tahiti, Bora-Bora et Maupiti, auprès des classes populaires éloignées du marché de l’emploi. Face au chômage structurel, les pratiques non professionnalisées de pêche ou de petite exploitation agricole et touristique sont un levier d’insertion socioéconomique. Tournées vers l’autoconsommation, ces activités sont faiblement monétarisées et peu ou pas régulées par les pouvoirs publics; étant considérées comme de la consommation plutôt que du travail. Cette perception est partagée par les acteurs sociaux qui mettent en avant la dimension affective et familiale de leur travail, envisagé comme « un héritage du savoir-faire ancestral », une « passion », ou un « devoir familial ». Dans cette perspective, les biens de production se confondent avec le patrimoine familial foncier, créant d’autres formes de travail gratuit visant à entretenir une circulation du capital de subsistance au sein de réseau familial, comme le confiage des enfants, l’hébergement solidaire, ou les relations de service et de dette. Ces deux enquêtes analysent la place du travail gratuit dans les économies familiales polynésiennes contemporaines, en contexte de pauvreté. Dans la mesure où elles ont été réalisées pour le compte de pouvoirs publics du territoire, comment envisager la réception institutionnelle de ces résultats et, éventuellement, accompagner leur traductibilité en matière de politique publique ?

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