Vipères lubriques et rats visqueux : La symbolique animalière dans le vocabulaire de l’injure politique

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2014

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Jean Libis, « Vipères lubriques et rats visqueux : La symbolique animalière dans le vocabulaire de l’injure politique », Imaginaire & Inconscient, ID : 10670/1.uylg8v


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Quoiqu’elle puisse revêtir des significations variables selon les époques et les cultures, l’injure animalière occupe le vaste champ de l’anthropologie. L’animal y surgit le plus souvent mécaniquement du fond d’un inconscient collectif. Lorsque l’injure devient politique elle se complexifie et s’affine. L’animal devint le support d’une exécration qui vise, symboliquement et parfois réellement, à la suppression de l’autre. Dans l’histoire contemporaine, le cas des procès de Moscou, orchestrés par le procureur Vychinski sous l’égide du stalinisme, offre l’éventail particulièrement impressionnant d’un bestiaire niant toute possibilité de défense de la part des accusés. Plus tard un Jean-Paul Sartre écrira aussi que « l’anti-communiste est un chien », formule qui mérite une longue exégèse. La conséquence de cette bestialisation est double : l’adversaire politique est gommé au nom de sa bêtise irrémédiable ; l’animal est totalement méprisé dans son être-animal et rejeté dans les tréfonds de ses propres pulsions. Pour libérer l’homme de ses passions politiques les plus grossières, il faudra corrélativement libérer l’animal et lui accorder l’équivalent de ce qu’on nomme un droit naturel. Autrement dit : l’arracher à l’inconscient dans lequel nous l’enfermons.

While it may take various meanings according to times and cultures, the animalistic insult covers the whole vast anthropological field. Most of the time, the animal appears mechanically from the bottom of a collective unconscious. When the insult becomes political, it turns more complex and more refined. The animal becomes the support for an execration aiming at -symbolically or sometimes actually- eliminating the Other. In contemporary history, the Moscow trials orchestrated by Prosecutor Vychinski under the Stalinist dogma, offers the especially impressive spectrum of a bestiary negating any possible line of defense for the accused. Later on, a Jean Paul Sartre will also write that « Anti-Communism is a dog », a formula deserving a long exegesis. This bestializing has a double consequence: the political opponent is erased for his uncurable beast-like stupidity (bêtise); and the animal itself is totally disregarded in its animal being and rejected to the bottom of its own impulses. To free mankind of its grossest political passions, we would need, in correlation, to free the animal and give it the equivalent of what we call a natural right. In other words, wrench it from the unconscious in which it is locked.

Benché possa indossare significati variabili secondo le epoche e le culture, l’ingiuria animalesca occupa il campo vastissimo dell’antropologia. Il più delle volte, l’animale vi sorge meccanicamente dal fondo dell’inconscio collettivo. Quando l’ingiuria diventa politica, si fa più complessa e fine. L’animale diventa il supporto di un’esecrazione che mira, simbolicamente e ogni tanto realmente, all’eliminazione dell’altro. Nella storia contemporanea, il caso dei processi di Mosca, orchestrati dal procuratore Vychinski sotto l’egida dello stalinismo, offre la gamma particolarmente impressionante del bestiario che nega agli accusati ogni possibilità di difesa. Più tardi Jean-Paul Sartre scriverà che “l’anticomunista è un cane”, formula che merita una lunga esegesi. La conseguenza di tale animalizzazione è doppia: l’avversario politico è cancellato in nome della sua “bestialità” irrimediabile; l’animale è totalmente disprezzato nel suo essere-animale e respinto nell’intimo delle proprie pulsioni. Per liberare l’uomo dalle sue passioni politiche più grossolane bisognerà correlativamente liberare l’animale e concedergli il corrispettivo di quello che si chiama diritto naturale. Vale a dire, strapparlo all’inconscio nel quale lo rinchiudiamo.

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