2013
Cairn
Olivier Loubes, « D'un roman national, l'autre. Lire l'histoire par la fin dans les programmes de 1923 et de 1938 », Histoire@Politique, ID : 10670/1.uzu49t
Afin de comprendre les profonds bouleversements de l’enseignement de l’histoire à l’école primaire durant le premier XXe siècle, cet article fait le choix méthodologique de prendre l’enseignement de l’histoire par la fin plutôt que par les origines. Se dégageant des études habituellement attachées aux débuts du cours d’histoire – origine qui peut paraître immuable durant toute la Troisième République – où se rencontrent Gaulois batailleurs et Romains civilisateurs, il se demande quel sens est donné à l’histoire enseignée en se penchant sur sa fin, sur l’horizon ers lequel les programmes cherchent à projeter les écoliers. Or, de cette perspective, on oit changer la fin de l’histoire, dans tous les sens du terme, fin du récit comme fins assignées au récit. Bien loin de la peinture classique et rassurante d’un enseignement pérenne de l’histoire, porteur d’un roman national patriotique que le – mauvais – « esprit 1968 » aurait détruit, on oit se modifier le sens même du récit commun qui inscrit les écoliers dans le temps dès les années d’entre-deux-guerres. En effet, lorsqu’on analyse – par la fin – les programmes d’histoire de 1923 puis de 1938, et qu’on les confronte aux travaux des instituteurs et de leurs élèves, on rencontre une nouvelle chronologie bouleversée par la Grande Guerre, puis par l’échec de la SDN : un double désenchantement de la nation patriotique, d’abord subordonnée à la paix au cours des années 1920, puis déplacée ers le peuple et le travail à la fin des années 1930.