« Aimer et contrôler son prochain » ? Imbrications négociées des logiques compassionnelle et sécuritaire chez les acteurs confessionnels chrétiens dans l’industrie migratoire marocaine

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2022

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Sophie Bava et al., « « Aimer et contrôler son prochain » ? Imbrications négociées des logiques compassionnelle et sécuritaire chez les acteurs confessionnels chrétiens dans l’industrie migratoire marocaine », Critique internationale, ID : 10670/1.v4w1an


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Au Maroc, à la suite de l'installation croissante depuis les années 2000 de migrants d'origine subsaharienne, les organisations confessionnelles ont été redynamisées et les acteurs religieux ­ en particulier chrétiens ­ ont endossé de nouveaux rôles. Ce faisant, ces acteurs ont intégré une véritable « industrie migratoire » et se sont retrouvés dans une position ambigüe : s'ils sont bien une ressource spirituelle et matérielle pour les migrants, du fait de leur légitimité religieuse, ils capitalisent simultanément sur la relation privilégiée dont ils bénéficient avec ces derniers pour servir des objectifs majoritairement orientés vers le contrôle. Leurs discours et leurs pratiques révèlent ainsi une imbrication de logiques compassionnelles et de logiques sécuritaires dans le gouvernement international des mobilités africaines, comme le démontre particulièrement le cas des programmes de retours volontaires. Cette imbrication potentiellement contradictoire mais toujours négociée est renforcée par des stratégies d'adaptation visant à répondre avec peu de moyens à une demande d'assistance croissante. Loin de s'exclure l'un l'autre, assistance et contrôle se renforcent réciproquement dans un contexte de banalisation de la violence des frontières, et convergent vers une injonction à la sédentarité prononcée à l'égard des ressortissants africains.

In Morocco, following the increasing settlement of migrants of sub-Saharan origin since the 2000s, faith-based organisations have been revitalised and religious actors ­ in particular Christians ­ have taken on new roles. In so doing, these actors have become part of a genuine "migration industry" and found themselves in an ambiguous position : while they are indeed a spiritual and material resource for migrants, due to their religious legitimacy, they simultaneously capitalise on the privileged relationship they enjoy with the latter to serve objectives that are mainly oriented toward control. Their discourses and practices thus reveal the tight entanglement of compassionate and security rationales in the international government of African mobilities, as demonstrated in the case of voluntary return programmes. This potentially contradictory but always negotiated interweaving is further reinforced by coping strategies aimed at responding to a growing demand for assistance with limited resources. Far from being mutually exclusive, assistance and control reinforce each other in a context of the banalisation of border violence, and converge toward an injunction of sedentism pronounced toward African nationals.

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