2022
Cairn
Sixtine Deroure, « Pleurer les « martyrs du devoir » dans l’Égypte postrévolutionnaire : du deuil public au deuil collectif », Critique internationale, ID : 10670/1.va54hr
Depuis la prise de pouvoir du maréchal al-Sissi en 2013, le deuil public construit autour des « martyrs du devoir », à savoir les soldats et policiers honorés par les autorités égyptiennes, fait l'objet de mises en scène de plus en plus spectaculaires. Comment ce deuil public peut-il devenir collectif, alors qu'il rend hommage aux agents d'institutions qui ont joué un rôle actif dans la répression et la mort des « martyrs de la révolution » du 25 janvier 2011, suscitant une charge émotionnelle très forte. À partir de l'étude de deux scènes la célébration annuelle du Jour du martyr, le 9 mars, et la saison 1 de la série télévisée al-IkhĪyār (Le choix) diffusée pendant le Ramadan 2020 , j'observe les dispositifs de sensibilisation et les registres qui permettent d'identifier le « bon » martyr tel que célébré par l'État. Différents acteurs institutions, familles et vedettes de cinéma contribuent à forger la dimension collective de ce deuil public dans l'espace médiatique en témoignant de l'authenticité de cette martyrologie.