7 mai 2019
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Dominique Linhardt, « Un monopole sous tension : les deux visages de la violence d'État », HAL-SHS : droit et gestion, ID : 10.26095/g3js-va66
La notion de « monopole de la violence légitime » est aujourd’hui indissociablement liée à la compréhension sociologique de l’État, au point qu’elle semble appartenir à la « science normale ». Cet effet de normalisation est à attribuer à Max Weber et à son utilisation de ce concept dans sa fameuse définition de l’État. Mais Weber n’en est pas l’inventeur ; il a repris une notion qui avait été largement investie et discutée dans les sciences juridiques, historiques et sociales allemandes dès le XIXe siècle. Or un retour sur cette genèse du concept montre que l’usage qui s’est imposé postérieurement à sa reprise par Weber recouvre en réalité deux conceptions de l’État et de sa violence qui sont, en leurs principes, incompatibles: l’une militaire et l’autre punitive. La première partie de l’article se propose de redécouvrir ce dualisme de la violence d’État. La seconde examinera les raisons de la perception contemporaine d’une fin de l’État dans les difficultés à maintenir la distinction entre les deux formes de la violence d’État et dans les contradictions qui en résultent, comme l’illustrent exemplairement les problèmes posés par le combat contre le terrorisme.