Les médecins et les pharmaciens de ville peuvent-ils contribuer à la réduction à la source des résidus médicamenteux ? : Une enquête sociologique auprès de ces professionnels de santé sur le territoire du bassin d’Arcachon en France

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2022

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Romain Valadaud et al., « Les médecins et les pharmaciens de ville peuvent-ils contribuer à la réduction à la source des résidus médicamenteux ? : Une enquête sociologique auprès de ces professionnels de santé sur le territoire du bassin d’Arcachon en France », Environnement, Risques & Santé, ID : 10670/1.veqjt6


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Des travaux ont mis en évidence la contamination et l’impact des résidus médicamenteux, et plus largement des produits de soins, sur les milieux aquatiques et le milieu marin. La réduction à la source des micropolluants d’origine pharmaceutique, liés à la consommation de médicaments ou à une mauvaise gestion des médicaments non utilisés, s’avère nécessaire. Au regard de leur rôle déterminant dans la consommation de médicaments, il est important de comprendre comment les médecins et les pharmaciens appréhendent la problématique des micropolluants liés aux médicaments et comment ils intègrent, ou pensent pouvoir intégrer, cet enjeu dans leurs pratiques de prescription et de délivrance de médicaments. Sur la base d’une enquête sociologique qualitative auprès de médecins et de pharmaciens de ville du bassin d’Arcachon, cet article montre la faible « préhension » de l’enjeu des micropolluants liés aux médicaments par ces professionnels, que ce soit en termes de représentations ou d’intégration de l’enjeu dans leurs logiques de prescription, de conseils et de délivrances de médicaments aux patients et/ou aux consommateurs. Les contraintes et les déterminants (économiques, sociologiques, organisationnels, symboliques et culturels, etc.) qui structurent les relations médecin-patient et pharmacien-patient-consommateur en France n’apparaissent pas propices à une réduction de la consommation de médicaments, qu’ils soient prescrits ou autoconsommés. En dépit de représentations et pratiques professionnelles différentes, pour tous les médecins et pharmaciens interrogés, les enjeux de santé (bénéfice-risque pour le patient ou le consommateur) demeurent toujours prioritaires sur les objectifs de préservation de la biodiversité. Cela étant, des professionnels enquêtés soulignent l’existence de marges de manœuvre pour « optimiser » la consommation de médicaments. Une relation médecin-patient moins contrainte par le temps et moins organisée autour de la prescription de médicaments, et une relation pharmacien-médecin-consommateur où les pharmaciens ont un rôle plus reconnu et actif dans la gestion des traitements médicamenteux des individus, semblent des pistes intéressantes pour réduire les micropolluants médicamenteux à la source sans compromettre l’atteinte des objectifs de santé. Dans ce cadre, notre analyse montre que l’action publique devra accompagner l’écologisation des pratiques des professionnels de santé, à commencer par les informer et les former davantage sur les risques environnementaux et potentiellement sanitaires liés à l’abondante consommation de médicaments. D’autres leviers et outils devront aider les professionnels à intégrer davantage les enjeux de préservation du vivant dans leurs logiques professionnelles.

It is now recognized that residues of medication and more generally of care products (such as sunscreens) contaminate and disturb aquatic and marine environments. The reduction of the source of micropollutants related to drug consumption, including improved management of unused drugs, is needed. In view of their role in the consumption of these drugs in France, we conducted a qualitative sociological study of physicians and pharmacists in private practice around the Arcachon basin (Gironde, France) to examine their understanding of this issue of micropollutants from drug consumption and how they integrate this issue into their drug prescription and dispensing practices. Our study shows their lack of consideration of this issue in general, including in terms of representations, and their failure to integrate this issue into their logic of prescribing, advising, and dispensing drugs to patients and consumers. The constraints and determinants (economic, sociological, organizational, symbolic and cultural, etc.) that structure physician-patient and pharmacist-patient-consumer relationships in France do not help to reduce drug consumption, be it by professionals’ prescriptions or by self-medication. Despite their different professional representations and practices, the physicians and pharmacists surveyed always prioritized health issues (benefit-risk for the patient or the consumer) over the objective of preserving biodiversity. Nonetheless, they underline the existence of leeway for “optimizing” drug consumption in relation to micropollutants. A physician-patient relationship less constrained by time and less organized around drug prescription and a pharmacist-doctor-consumer relationship where pharmacists have a more recognized and active role in the management of individual drug treatments seem to be interesting avenues toward reducing these micropollutants at the source without jeopardizing health goals. Action by public authorities should support the greening of health professionals’ practices, at least by offering them more information and training about the environmental risks associated with the current abundant consumption of medications. Other levers and tools should help health professionals to further integrate the issues of preservation of living things into their professional logic.

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