La mondialisation par les organisations internationales

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2023

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Léonard Laborie, « La mondialisation par les organisations internationales », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.vf8rs3


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Un nouveau type d’organisations internationales fait son apparition dans la seconde moitié du xixe siècle : créées pour durer, et non seulement pour régler un problème circonstanciel, elles ont d’emblée une vocation mondiale, et non simplement locale ou régionale. Il s’y joue pour la première fois une “mondialisation politique” (Stearns, 2010), par laquelle la mondialisation est constituée en objet d’une politique coordonnée. En effet une multitude d’acteurs, représentants classiques (diplomates) ou pas (experts) des États, des entreprises, des groupes d’intérêt, y négocient le cadre des échanges à l’échelle de la planète. Les conditions techniques et juridiques de circulation des biens et, dans une moindre mesure, des personnes, sont discutées et déterminées d’un commun accord, secteur par secteur – comment connecter les réseaux télégraphiques et postaux aux frontières pour pouvoir envoyer et recevoir un télégramme, une lettre ou un colis vers ou depuis l’étranger ? Quelles mesures prendre pour contenir les épidémies sans bloquer le commerce ? Comment faire valoir un brevet d’invention ou le droit d’auteur hors du pays d’origine de la création ? Les réponses jusqu’alors fixées de manière bilatérale ou entre groupes d’États proches, font désormais l’objet de vastes ententes multilatérales. À cela s’ajoute un effort de comparaison, de codification et de standardisation des catégories et mesures locales mises en jeu par l’échange de biens et d’informations, pour en assurer la commensurabilité et accroître la fluidité, de la standardisation des poids à celle du temps (bureau international de l’heure, 1912), en passant par la publication des tarifs douaniers (1890). D’inspiration libérale, ces coopérations favorisent le franchissement des barrières entre les territoires, mais ne les font pas tomber pour autant. Les accords sont à chaque fois à géométrie variable ; toute la surface du globe n’est pas concernée. Et surtout, ils n’ont pas vocation à saper la souveraineté des participants, brique élémentaire de ces constructions politiques. La coopération devient une ressource (parmi bien d’autres) pour les nations participantes, qu’il s’agisse de prendre des positions ou de les défendre. Par elle, la mondialisation participe de la nationalisation des sociétés. Toutes pratiques qu’elles soient, les règles de coexistence adoptées n’ont jamais rien d’évident et sont toujours l’expression d’intérêts et de valeurs. À ce titre, et en raison de leurs effets profonds, y compris dans la vie interne, domestique, des sociétés qui les adoptent, elles peuvent être contestées. Reste que l’idée d’un gouvernement du monde autour d’intérêts partagés trouve une première concrétisation, ouvrant de grands espoirs de pacification des relations internationales (Mazower, 2012). Cela d’autant plus qu’à côté des organisations intergouvernementales, dont les membres de droit sont les États, une forêt d’organisations non-gouvernementales voit le jour. Le démenti cinglant de la Première Guerre mondiale ne détruit pas, mais renforce plutôt l’appel de la coopération internationale. Par rapport aux organisations antérieures, la Société des Nations et l’Organisation internationale du travail mises en place en 1919 présentent une ambition plus ouvertement politique. Leur relatif échec à maintenir la paix et la sécurité ne saurait masquer l’importance de leur action sur des sujets en apparence moins sensibles diplomatiquement, mais cruciaux pour le quotidien des sociétés de leurs États membres, plus interdépendantes que jamais.

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