2023
Cairn
Sophie Labatut, « René Leys, ou l’art du faux (essai) », Littérature, ID : 10670/1.vkpwcm
Inspiré d’une amitié réelle, René Leys revisite la frontière entre fait et fiction, du côté des troubles du récit et non de leur supposée cohérence. D’abord, l’autofiction, falsification d’un réel inavouable (mais lequel ?), révèle une grammaire affabulatoire qui déplace le seuil de l’illusion fictionnelle. Ensuite, geste métalittéraire constant, l’œuvre mêle obsession parodique et construction sérieuse en diptyque, au point que la réécriture comme fausse monnaie brouille l’évidence de son authenticité. Enfin, la machine romanesque, en jouant sur la relecture et la réévaluation du faux par le faux, crée une épochè qui est elle-même défamiliarisée (en ce sens que l’incrédulité en est le moteur plus que sa suspension), dans le finale et dans l’épigraphe notamment. L’ensemble fait de René Leys une œuvre étrangement contemporaine de notre époque du fake.