Aménagements en faveur des transports collectifs et incidences sur la sécurité des déplacements

Résumé Fr

Les travaux présentés dans cet article suggèrent que les aménagements en faveur des transports collectifs, bien qu’ils soient a priori de nature à contribuer à un développement urbain durable, ne devraient pas pour autant échapper à un examen critique de leur contribution effective à une mobilité sûre et durable. S’agissant de la sécurité, il apparaît notamment que ces aménagements peuvent soulever des difficultés spécifiques, liées en particulier à la lisibilité de l’espace viaire. En outre, dans le cas des tramways, l’enjeu en matière de sécurité des piétons est important, même si on se limite au cas des accidents impliquant directement ou indirectement des rames de tramway (qui représentent respectivement 31 % et 25 % de l’ensemble des accidents touchant des piétons sur les axes parcourus par les lignes de ces réseaux). Si la contribution globale du tramway à la sécurité des déplacements semble néanmoins positive sur les axes réaménagés, du fait probablement de la réduction de la place de l’automobile et du trafic sur ces axes, l’évolution observée à l’échelle de la ville est décevante : la sécurité évolue plutôt moins favorablement, en moyenne, dans les agglomérations (unités urbaines) s’étant dotées d’un tramway, par rapport aux autres agglomérations de taille comparable. Cette évolution différenciée tient sans doute en partie au fait que la réalisation du tramway s’est généralement accompagnée de développements du réseau routier en périphérie de ces agglomérations (plus importants que dans d’autres villes). Ce dernier résultat paraît en cohérence avec les analyses d’autres auteurs montrant que l’agenda de la mobilité durable est en réalité surplombé par celui de l’attractivité urbaine, qui conduit à concilier des objectifs contradictoires de forte accessibilité de la ville (y compris par le mode routier) et de préservation vis-à-vis de l’automobile au moyen d’un partage territorial, les outils de l’aménagement et de la mobilité durables se déployant plutôt dans les centres et les lieux symboliques (campus, quartiers d’affaires, etc.), et les nouvelles infrastructures routières dans les périphéries (Reigner et Hernandez, 2007).