2003
Cairn
Virginie Devillez, « La faucille ou le pinceau ? : Le dilemme des artistes belges face au Réalisme socialiste », Sociétés & Représentations, ID : 10670/1.vvfrar
Au lendemain de la Libération, le Parti communiste de Belgique jouit d’une aura particulière auprès des artistes et intellectuels. Les surréalistes révolutionnaires, qui deviendront les fondateurs du mouvement Cobra, mettent leur art au service du Parti même si celui-ci les tolère sans vraiment les soutenir. Mais, comme la popularité du Parti s’est très vite effritée en Belgique, il a été contraint de s’accommoder de ces artistes. Pourtant, malgré une assise de plus en plus faible au sein de la population et des créateurs, le Parti belge va devoir se mettre au diapason de son équivalent français : en 1949, Claude Morgan demande au comité de rédaction de l’édition belge des Lettres françaises de se rallier à la cause du Réalisme Socialiste. C’est la rupture avec Cobra et le début de l’union avec le groupe Forces Murales qui, au sein du Parti belge, va revêtir un rôle équivalent à celui d’Aragon en France. Cependant, à y regarder de plus près, l’art de Forces Murales est plus proche d’Édouard Pignon que d’André Fougeron. Y a-t-il dès lors vraiment un art Réaliste Socialiste en Belgique ? Et dans l’affirmative, comment réagira Forces Murales face à un style opposé au sien ? L’implantation du Réalisme Socialiste en Belgique montre à quel point le Parti communiste de Belgique a dû imposer des injonctions extérieures (venant de Paris et non de Moscou), au risque de promouvoir un art non conforme aux dictats soviétiques puisqu’aucun artiste belge ne répondait totalement à ces poncifs.