2006
Cairn
Jean-Yves Mollier, « Les femmes auteurs et leurs éditeurs au XIXe siècle : un long combat pour la reconnaissance de leurs droits d'écrivains », Revue historique, ID : 10670/1.w11zp2
RÉSUMÉ Afin d’étudier le statut de la femme de lettres en France dans les années 1830-1900, cet article examine non pas le point de vue des auteurs, maintes fois cité, mais celui des éditeurs. Fondé sur un dépouillement exhaustif des contrats signés par Michel puis Calmann Lévy ainsi que par Louis Hachette et ses associés, il montre la grande dépendance de l’écrivaine et la précarité de son existence. Toutefois les conditions de publication qui sont octroyées à Louise Colet, à la comtesse Dash ou à la comtesse de Ségur relèvent plus de la loi du marché que d’une volonté délibérée de maintenir la femme dans une position inférieure en matière de rétribution de ses droits d’auteur. La littérature pour la jeunesse souffre d’un préjugé défavorable qui affecte tous ceux, hommes et femmes, qui tentent d’en vivre. De même, l’absence de notoriété – ou de capital symbolique – se paie très cher, que l’on s’appelle Gustave Flaubert ou Pierre Loti à leurs débuts ou encore Zulma Carraud ou Julie Gouraud. Même si cela peut surprendre le lecteur d’aujourd’hui, c’est bien l’évolution du système éditorial qui explique largement la « prolétarisation » des hommes et des femmes de lettres, non le sexisme de leurs médiateurs auprès du public.