L'Europe à l'épreuve des crises

Résumé 0

Ce numéro spécial des Conference Papers de l’IREDIES n’aurait pas pu exister sans l’engagement, la ténacité et le professionnalisme de Vincent BASSANI. Alors qu’il dirigeait l’Association des étudiants du Master II « Droits de l’homme et Union européenne » de l’Ecole de droit de la Sorbonne – il eut l’idée, avec certains de ses camarades de promotion, d’organiser une journée d’étude sur « L’Europe à l’épreuve des crises ». Il ne ménagea pas ses efforts pour penser le programme, contacter les conférenciers et mener à bien l’organisation matérielle de la conférence. Ce numéro lui doit tout. Le thème de la crise coulait de source. L’Union européenne démontre – depuis plusieurs années désormais – qu’elle n’est plus le théâtre du compromis, des apaisements, de la responsabilité, mieux de la cohésion, de la prospérité, de la progression. Elle est traversée par des crises protéiformes, à la fois externes et internes, économiques et politiques, sociales et environnementales, morales et territoriales, qui n’ont de cesse de miner le projet intégratif pensé au sortir de la IIème guerre mondiale. Bien que l’Europe n’ait eu de cesse de se construire à la suite de crises, elle a toujours su rebondir et aller de l’avant ; en somme, elle sut à chaque fois se renouveler. La confiance finissait toujours par l’emporter sur la défiance. Or, Sylvain KAHN, avec l’incontournable regard de l’Historien, explique parfaitement en quoi le moment que nous vivons n’est pas tout à fait comme les autres. La crise est « inédite » car elle est multiple, elle se déploie dans différents registres : son ampleur et sa profondeur n’ont jamais été aussi majeurs et ce sont « deux conceptions de l’Union » qui s’affrontent : l’une issue des Lumières, l’autre provenant de l’illibéralisme. Dans un tel contexte, où les soubassements politiques et philosophiques de la construction communautaire sont profondément ébranlés, il est impératif qu’un « nouveau récit » se mette en place. Thierry CHOPIN rappelle que le récit de la paix et du marché ne font plus mouche et estime qu’il est grand temps qu’un « discours régalien » se mette en place, seul à même de répondre véritablement aux attentes des citoyens et à faire face aux défis sécuritaires et géopolitiques qui menacent l’Union. En attendant que les dirigeants nationaux, de concert avec les représentants institutions européennes, s’engagent dans ce qui devrait être une mutation radicale de l’Union, les communications de Vincent BASSANI, Jean-Pierre MARGUENAUD et Vanessa BARBE présentent les conséquences des crises dans de multiples champs juridiques. L’Espace de Liberté, de Sécurité et de Justice a été choisi par Vincent BASSANI qui livre une analyse méticuleuse. Cette dernière démontre que le système Dublin est à « bout de souffle ». Or, ses limites ne sont ni plus ni moins celles des Etats membres, incapables de penser le présent, et surtout l’avenir, à travers un mécanisme tout à la fois responsable et humaniste. L’anticipation n’est pas à l’ordre du jour, alors que le défi démographique en provenance du continent africain est immense. De leur côté, Jean-Pierre MARGUENAUD et Vanessa BARBE ont appréhendé les politiques jurisprudentielles de la Cour européenne des droits de l’homme d’un côté et des juges allemand et français de l’autre afin d’analyser la manière dont le(s) juge(s) appréhendent la manière dont les droits des individus peuvent et doivent être préservés en période de crise. La crise économique et la crise terroriste démontrent de façon nette – qu’en parallèle de la désintégration lente de l’Union européenne – l’atteinte aux droits des personnes n’en est pas moins tout aussi réelle, ce qui assombrit considérablement le tableau d’ensemble.