2020
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Science et Esprit ; vol. 72 no. 1-2 (2020)
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Klaus Brinkmann, « CAN ARISTOTLE HELP THOMAS NAGEL? », Science et Esprit, ID : 10670/1.w6j0ld
Les principes téléologiques aristotéliciens sont à l’oeuvre dans les organismes individuels, et non à titre de principe cosmique transcendant les limites du développement spécifique des individus. Considérant l’irréductibilité de la forme, le philosophe identifie les mécanismes de la causalité efficiente donnant à la cause finale, immatérielle, une prise sur le substrat matériel. Par ailleurs, son explication de la reproduction biologique en termes d’acte et de puissance ne compte pas comme une théorie scientifique telle qu’on l’entend aujourd’hui étant donné qu’aucun de ces éléments n’est quantifiable. Pourtant, l’exigence de probabilité posée par Thomas Nagel, bien que vérifiable de manière empirique, ne semble pas représenter une avancée significative par rapport à la doctrine aristotélicienne de l’acte et de la puissance, dans la mesure où il lui manque la causalité efficiente. Globalement donc, en ce qui concerne sa biologie, Aristote fait davantage figure d’un visionnaire de la science moderne que d’un métaphysicien. C’est Nagel qui semble avoir encombré sa téléologie de nombreuses affirmations ne s’accordant pas avec sa volonté de maintenir la nature scientifique de cette téléologie. Un examen attentif de l’analyse aristotélicienne des processus téléologiques en général et de son embryologie en particulier contribuera à mieux expliquer en quoi la téléologie en tant que téléonomie peut s’avérer une hypothèse scientifique utile aujourd’hui.