6 décembre 2018
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Gabriele Montalbano, « Les Italiens de Tunisie: la construction de l'italianité dans un contexte colonial français (1896-1918) », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.w8qt2o
La société coloniale tunisienne a été caractérisée par une forte présence de ressortissants italiens qui pour longtemps ont été le plus nombreux groupe d’étrangers du Protectorat dépassant, au moins jusqu’aux années trente du 20e siècle, la population française. Si la période entre la fin du 19e siècle et la Première Guerre mondiale a été déconsidérée dans les études sur les Italiens de Tunisie, pendant ces années il y a eu une forte immigration dans la Régence et, en même temps, une reconfiguration des ambitions coloniales italiennes en Afrique. La première partie de la thèse traite des parcours diachroniques de mobilité méditerranéenne qui ont permis l’installation dans le Beylicat de groupes reconnus comme ressortissants italiens à la suite de l’unification politique de l’Italie. Les Conventions de 1896 règlent la tension franco-italienne qui avait commencée à la suite de l’occupation française de la Tunisie et, de surcroît, garantissent aux ressortissants italiens le maintien de la nationalité aux enfants nés dans le Protectorat, ainsi que la conservation du réseau associatif et scolaire précédemment établi. La seconde partie s’attache à analyser la structure des associations et des écoles, et leurs dynamiques sociales, qui visent la construction d’un sentiment d’appartenance nationale auprès des ressortissants. Le but de ce réseau associatif, géré par les notables et soutenu par les institutions consulaires, est de faire de la collectivité de ressortissants d’Italie une communauté italienne à l’intérieur de la société coloniale tunisienne. Enfin, la troisième partie étudie comment la production tunisienne d’une italianité extraterritoriale s’imbrique à la fois avec les ambitions coloniales et avec des processus de racialisation internes à la collectivité. Le conflit italo-turc pour la Libye et la Première Guerre mondiale sont analysés au prisme de leur fonction de vecteur de la fabrique du national au sein de la collectivité italienne. Le soutien des Italiens de Tunisie pour la conquête et la colonisation de la Libye, et leur engagement militaire, social et économique dans la Grande Guerre, dévoilent le projet d’une particulière forme d’italianité coloniale formée au sein du Protectorat français de Tunisie.