Former à l’enseignement des langues et des cultures : vers une double réflexivité

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29 février 2024

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Sébastien Favrat, « Former à l’enseignement des langues et des cultures : vers une double réflexivité », HAL-SHS : sciences de l'éducation, ID : 10670/1.wonphk


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Résumé Fr

Cette communication vise au partage d’une démarche formative conçue comme articulation entre théorie et pratique. Elle s’appuie sur le cas concret d’un groupe de futurs enseignants suivant une formation universitaire au niveau du Master en sciences du langage, parcours « Didactique des langues », à l’Université de Franche-Comté (France). Dans ce cadre, nous souhaitons développer une forme de vigilance interculturelle, au sens d’une capacité à repérer les écarts entre pratiques ou valeurs de la culture visée et celles des cultures des apprenants. C’est ainsi qu’un travail d’analyse et d’adaptation d’outils didactiques, disponibles dans l’univers éditorial du français langue étrangère et seconde (FLES), est proposé à ces étudiants issus du système éducatif local pour la plupart, mais également venus d’ailleurs.Pour ce faire, nous nous référons à une conception anthropologique de la culture (Lévi-Strauss, 1958) distincte de la culture savante (Bourdieu, 1979) et englobant l’ensemble des pratiques, valeurs et représentations partagées par un groupe social (Laplantine, 1995). Transférées dans le champ de la didactique des langues dès les années 1980 (Zarate, 1986; Abdallah-Pretceille, 1999), ces notions ont en effet permis de rompre avec une vision ornementale de la culture (Germain, 1993) pour l’envisager comme un ensemble de connaissances socioculturelles intrinsèquement liées à la langue (Porcher, 1994; Gohard-Radenkovic, 1999; Zarate & Gohard-Radenkovic, 2004; Spaëth, 2016). Or il est difficile, particulièrement pour qui enseigne sa langue maternelle/première et plus encore pour les enseignants débutants, de percevoir la dimension culturelle des énoncés, illustrations et démarches didactiques à l’origine des activités de classe. Ces documents et procédés sont pourtant constitutifs d’une culture linguistique, scolaire et éducative (Chiss & Cicurel, 2005; Denizot, 2021) propre à un contexte précis mais s’apparentent à des évidences invisibles (Carroll, 1991) aux yeux de nombreux enseignants. Développer la réflexivité (Perrenoud, 2005), amener à prendre conscience de ce dont chacun est porteur, peut ainsi constituer une piste de formation.Par ailleurs, si les personnes se destinant à l’enseignement ont beaucoup à gagner à s’approprier des compétences plurilingues et pluriculturelles (Castellotti & Moore, 2011), les modalités d’évaluation de leurs acquis de formation impliquent, comme souvent en Europe (Baillat et al., 2010), la pratique nouvelle de l’écriture de recherche en formation (Reuter, 2004). Cette acculturation à l’écriture de recherche ne va cependant pas de soi, dans la mesure où les étudiants sont confrontés à une rupture de littératie (Reuter, 2012; Pollet, 2014) face à laquelle l’élaboration de nouvelles pistes didactiques (Flottum & Vold, 2010; Pollet, 2019; Boch et al., 2020; Favrat, 2020) prend tout son sens. Devant la multiplicité des acceptions et définitions (Veillette & Gohard-Radenkovic, 2016), nous nous interrogeons en effet sur le caractère opératoire de la notion de culture employée dans l’absolu. Dans le cadre d’une didactique des écrits universitaires, nous proposons, par conséquent, de nous appuyer sur une démarche ethnographique (Winkin, 1996, 1997) souhaitant décrire l’environnement épistémologique dans lequel se déploient les cultures de recherche visées par les étudiants. Il s’agit donc de les aider à mettre au jour les matrices discursives, les stratégies d’écriture (Gohard-Radenkovic, 1995) et les postures scientifiques construites tout au long de leur parcours scolaire et universitaire. Une seconde réflexivité, dirigée vers les pratiques de l’écrit incorporées et devenues des éthos discursifs, est ainsi encouragée afin de mieux s’approprier les attendus rédactionnels et scientifiques du mémoire de Master. Nous montrerons donc comment un travail d’analyse de supports didactiques (manuels d’enseignement du FLES dans différents contextes, guides et supports d’auto-formation, ressources en ligne) adossé à une initiation à l’anthropologie culturelle et à l’anthropologie de la communication peut donner lieu à l’élaboration d’une réflexion sur autrui, sur soi et sur le monde (Charlot, 1997) par le biais de l’écriture (Vygotski, 1937). Partant d’exemples concrets de travaux d’étudiants conduits en cours, la communication montrera l’évolution des productions écrites, le développement de compétences d’observation et d’analyse, le discernement progressif de la dimension culturelle peu visible (Hall, 1966) des phénomènes sociaux et l’affirmation de scripteurs plurilittéraciés (Egli Cuenat et al., 2020). Nous verrons ainsi dans quelle mesure ces travaux permettent à la fois une préparation au métier d’enseignant et aux exigences de l’écriture académique de haut niveau, mais aussi en quoi les questions qu’ils soulèvent demeurent nombreuses.

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