Sophie, Odile et les autres… Revisiter l’histoire de la schizophrénie depuis les archives patients

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2021

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Hervé Guillemain, « Sophie, Odile et les autres… Revisiter l’histoire de la schizophrénie depuis les archives patients », PSN, ID : 10670/1.wwdzt5


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Depuis près d’un demi-siècle, l’argument historique tient une place majeure dans les controverses qui animent les chercheurs qui ont pris la schizophrénie comme objet. Ces travaux sous-tendus par des approches très variées ne font qu’une place réduite voire inexistante aux parcours des patients. Pourtant en faisant l’histoire de ce diagnostic du point de vue des concerné.es, c’est-à-dire en passant d’une approche médicale à une approche sociale, l’avènement de la schizophrénie peut être vue sous un nouveau jour. En s’appuyant sur trois parcours de vie et en rappelant que la catégorie a été critiquée de longue date, cet article propose une autre histoire de la schizophrénie. Il démontre que la longévité de la notion n’est pas due à sa solidité scientifique – critiquée dès les premières décennies du XXe siècle — mais à sa fonction sociale et institutionnelle. L’étiquette diagnostique surgit à un moment précis de l’histoire de la folie, de la psychiatrie et de la société. Elle permet de désigner la jeunesse inadaptée à la modernité, de refonder le savoir psychiatrique sur une approche biologique, de reléguer les déraciné.es qui échouent à s’émanciper, puis les malades résistants aux avancées techniques et institutionnelles de la psychiatrie. C’est une étiquette diagnostique fonctionnelle et utile, une commodité médicale qui tient durablement – plus d’un siècle – malgré sa faible assise scientifique et les controverses récurrentes qui la touchent.

For nearly half a century, the historical argument has played a major role in the controversies that have animated researchers who have taken schizophrenia as their subject. These works, which are underpinned by very varied approaches, make little or no room for the patients’ journeys. However, by making the history of this diagnosis from the point of view of those concerned, i. e. by passing from a medical approach to a social approach, the advent of schizophrenia can be seen in a new light. Based on 3 life stories and recalling that the category has long been criticized, this article proposes another history of schizophrenia. It demonstrates that the longevity of the notion is not due to its scientific soundness – criticized since the first decades of the 20th century – but to its social and institutional function. The diagnostic label emerged at a precise moment in the history of madness, psychiatry and society. It allows to designate the youth unadapted to modernity, to refound psychiatric knowledge on a biological approach, to relegate the uprooted who fail to emancipate themselves, and then the patients who resist to the technical and institutional advances of psychiatry. It is a functional and useful diagnostic label, a medical convenience that has lasted for more than a century, despite its weak scientific basis and the recurrent controversies that affect it.

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