Décentrer l’histoire européenne par les marges : visions plurielles d’une modernité fragmentée

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2022

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Michael Werner, « Décentrer l’histoire européenne par les marges : visions plurielles d’une modernité fragmentée », Annales. Histoire, Sciences Sociales, ID : 10670/1.x8b4xa


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L’article aborde la question d’une historiographie globale de l’Europe à partir de deux angles. Dans un premier temps, il s’attache aux difficultés, tant historiques qu’épistémologiques, à saisir l’objet Europe, notamment après les transformations historiographiques induites par 1989, l’affirmation des études postcoloniales, l’émergence progressive de la critique de l’eurocentrisme et, enfin, aujourd’hui, l’invitation à prendre le « tournant global ». Les conceptions de l’Europe qui se dégagent de ces propositions ont l’inconvénient de se fonder sur une vision de l’Europe plutôt homogénéisée, centrée sur les grands États-nations de l’Europe occidentale et leurs politiques impériales. Elles véhiculent également, tout en la critiquant, l’idée d’une modernité dont l’Europe aurait été à la fois le foyer historique et l’agent d’expansion à l’échelle mondiale. Dans un second temps, afin de circonscrire les taches aveugles inhérentes à ce genre de visions, l’article propose un déplacement du regard, en fixant le poste d’observation dans les confins orientaux et balkaniques de l’Europe, à l’intersection des trois empires austro-hongrois, ottoman et russe, pour une période équivalant au « long » xixe siècle. Ce changement de perspective fait apparaître non seulement une grande diversité de vues des acteurs locaux, mais aussi le déplacement qui s’opère dans la conception du lien entre Europe et modernité, l’importance des sociétés locales multiculturelles et pluriethniques ainsi que le rôle particulier de populations transnationales qui, comme les juifs, tout en négociant leur rapport propre à une modernité européenne, échappent à l’emprise des mouvements nationaux.

The article considers the global historiography of Europe from two angles. First it outlines the difficulties, both historical and epistemological, that Europe poses as an object of study, especially after the historiographical transformations prompted by the events of 1989, the rise of postcolonial studies, the growing critique of Eurocentrism, and, most recently, the “global turn.” The conceptions of Europe that emerge from these currents have often been based on a rather homogenized vision of the continent, centered on the great nation-states of western Europe and their imperial policies. They also perpetuate, even as they criticize it, the legacy of a conception of modernity that positions Europe as both its historical center and the agent of its expansion on a global scale. The second part of the paper proposes to limit the blind spots inherent in this kind of vision by shifting our gaze to the eastern and Balkan margins of Europe, where the Austro-Hungarian, Ottoman, and Russian empires intersected over the “long” nineteenth century. This change of perspective displaces the history of Europe’s connection to modernity, revealing the great diversity of local actors, the importance of multicultural and pluriethnic societies, and the particular role of transnational populations such as Jews, who while negotiating their own relationship to a European modernity, escaped the grip of national movements.

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