Casser des noix… Une activité domestique à la lumière des vestiges archéologiques du site de « La Fouillère » (Linars, Charente) - XIIIe et XIVe siècles

Résumé En

Le dénoisillage (Quercy), l’échalupage (Touraine, Poitou, Anjou), la mondaison (Dauphiné) ou encore l’énoisage (Périgord, Dordogne) sont quelques unes des nombreuses appellations régionales données à une activité qui consiste à casser les noix et à en extraire les cerneaux en vu d’en extraire de l’huile. Cette activité, qui connaît du XVIIe à la fin du XIXe siècle un fort développement dans le Sud-Ouest grâce au commerce de l’huile de noix à grande échelle (Grande Bretagne, Pays Bas, Allemagne), offre une riche documentation (nombreux récits, photographies, études ethnographiques, etc.). Au Moyen Âge, l’importance de l’huile de noix dans l’alimentation (exception faite de la cuisine méditerranéenne), pour l’éclairage et dans certaines régions (Bourbonnais, Dauphiné, Périgord) le paiement des redevances seigneuriales ou presbytérales pour partie en huile de noix témoigne déjà de l’importance de cette activité qui en certains lieux devait être une des occupations hivernales principales et tenir un rôle majeur dans l’économie paysanne.Si les découvertes carpologiques de noix sont très fréquentes sur les sites médiévaux du Sud-Ouest, il s’agit dans la très grande majorité des cas de fragments de coque découverts en petites quantités. Aussi, si parfois l’hypothèse de déchets d’énoisage peut être évoquée, il apparaît plus prudent de conclure à des déchets de consommation sans plus de précision. La découverte sur le site médiéval de la Fouillère à Linars (Charente) de grandes quantités de fragments de coques de noix dans une même pièce d’habitat et de plusieurs lames de couteaux dont la typologie d’au moins une se rapproche très fortement de celles à cerner les noix offre la possibilité d’approcher plus en détail cette activité.