21 décembre 2018
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Volume 7 - 2018 : Walter Benjamin. Philosophie de l'histoire.
Émilie Ieven, « Reconfigurer l’histoire à partir de la littérature ? Réflexions sur l’historiographie à venir de Walter Benjamin », Phantasia, ID : 10.25518/0774-7136.877
Comment raconter l’histoire — toujours discontinue — des opprimés et la déployer dans une séquence temporelle différente de la temporalité linéaire des vainqueurs ? Comment mettre en place une nouvelle historiographie qui fasse droit à l’histoire des opprimés dans toute sa complexité et ses contradictions ? Quelles en sont les conditions d’énonciabilité et les modalités d’expression ? Ces questions occupent, dans les Thèses sur le concept de l’histoire de Walter Benjamin, une place centrale et témoignent du lien fondamental et intime qui relie l’histoire et le langage. La présente contribution se propose d’élaborer une piste de réponse à l’aporie relative à l’écriture de l’histoire en faisant l’hypothèse que c’est peut-être par le biais d’une écriture fictionnelle — c’est-à-dire par le biais des œuvres littéraires — que l’histoire des opprimés pourrait être énoncée. Sur la base d’une analyse approfondie de la thèse XVII et du fonctionnement monadologique qu’elle décrit, cet article alliera à la réflexion historico-politique de Walter Benjamin une dimension esthétique en mobilisant les travaux du philosophe sur Charles Baudelaire. C’est par l’entremise du pouvoir de la fiction et des ressources narratives, capables de reconfigurer et de réinventer le réel, que s’élaborera une nouvelle forme d’écriture de l’histoire.