« Saichies de vray que je porteray et feray porter et trainner a la queue de mon cheval voz figurez et voz armez »: Honorabilité et diffamation dans les lettres missives ouvertes à Metz au XVe siècle »

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2023

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Amélie Marineau-Pelletier, « « Saichies de vray que je porteray et feray porter et trainner a la queue de mon cheval voz figurez et voz armez »: Honorabilité et diffamation dans les lettres missives ouvertes à Metz au XVe siècle » », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.y86t4v


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Au XIIIe siècle, la communauté urbaine de Metz s’émancipait de la tutelle de son évêque. Elle fut par la suite gouvernée par des groupes associatifs d’hommes issus des élites urbaines nommés paraiges, lesquels se maintinrent au pouvoir jusqu’à l’attachement de la ville à la couronne française en 1552. La ville jouissait du statut de ville libre (Freie Stadt) et de l’attribution, qu’elle soit réelle ou fabriquée par les paraiges, de « vicariat impérial », fondements de son autonomie politico-juridique. Grâce aux privilèges de non evocando et non appellando octroyés par les souverains du Saint-Empire, les autorités messines légitimaient leur refus à toute ingérence dans leurs affaires juridiques par les seigneurs étrangers. Ces prérogatives juridiques furent renforcées par l’établissement de Landfrieden lorraines tout au long du XIVe siècle qui visaient au contrôle de la violence illégitime dans l’espace lorrain médiéval par voie de conciliation et dont le centre était occupé par la ville de Metz. Mais cette autonomie juridique de la ville était néanmoins remise en question par les seigneurs locaux, parmi lesquels le duc de Lorraine. Les XIVe et XVe siècles virent, en effet, une escalade des tensions entre la ville et le duché dans le contexte l’affermissement du pouvoir ducal, dont la guerre de la hottée de Pommes (1428-1429) constitua le paroxysme. Dans le cadre de la gestion de conflits opposant Metz aux juridictions extérieures aux XIVe et XVe siècles, l’échange épistolaire occupait une place prépondérante. La lettre missive servait bien plus qu’à l’échange d’information. Elle revêtait un sens à la fois politique, juridique et social, dans le but de négocier le retour à la paix entre les litigants et d’éviter un recours aux armes, à la faide. Nous avançons l’hypothèse que ces lettres possédaient une « force motrice » afin de contraindre l’autre partie, dans un rapport de force inégal, à accéder à la requête de l’autre partie par le biais d’une conciliation. Lorsqu’elles circulaient dans une forme ouverte, ces lettres, qui affichaient la rupture du lien social entre les parties, pouvaient être affichées, vues, lues, entendues par les locaux. Au contraire de la lettre missive fermée, elle symbolisait un durcissement des négociations et mettait en évidence, aux yeux de tous, le déshonneur de l’autre partie, mais aussi le droit légitime des autorités messines à ne pas se soumettre aux tribunaux étrangers. L’objectif de cette contribution est de questionner le rôle de la lettre missive ouverte, afin de mieux comprendre les modes d’affirmation de la légitimité du gouvernement messin et la défense de l’autonomie juridique en matière de gestion de conflit face aux juridictions extérieures. Plus largement, il s'agit de démontrer que l’histoire de la ville de Metz doit se décloisonner et considérer plus largement les rapports, conflictuels ou non, de la ville dans l’espace lorrain pour comprendre les modes d’affirmation de la légitimité du pouvoir des paraiges sur l’espace messin. La documentation étudiée, les lettres missives ouvertes, peu prise en compte par la recherche, permet de jeter un regard nouveau sur une image fabriquée par l’écrit : celle d’un gouvernement urbain autonome, puissant et qui n’entendait pas laisser le pouvoir ducal s’immiscer dans les affaires juridiques de la ville.

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