5 février 2021
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Éric Poirier, « La francophonie canadienne divisée autour des droits linguistiques prévus dans la constitution : entre interprétation symétrique et interprétation asymétrique, entre intention législative comme stratégie judiciaire et contraintes juridiques », HAL-SHS : droit et gestion, ID : 10670/1.ydxckz
Le gouvernement du Québec et les associations de défense des droits des communautés francophones du Canada se présentent périodiquement divisés devant la Cour suprême du pays lorsque l’interprétation des droits linguistiques prévus dans la Constitution canadienne est en cause. Considérant la situation dans laquelle se trouve la langue française au Canada, ces acteurs, les principaux acteurs de la francophonie canadienne, ne devraient-ils pas trouver une voie leur permettant de défendre conjointement les intérêts linguistiques et culturels qu’ils ont en commun ? Tous les observateurs le souhaitent. Mais les difficultés sont réelles. D’une part, ce qui permettrait la réconciliation des principaux acteurs de la francophonie canadienne devant la Cour suprême du Canada, soit une interprétation asymétrique des droits linguistiques constitutionnels, n’émerge pas. La présente thèse l’illustre grâce à une étude de la jurisprudence pertinente. D’autre part, les juges semblent avoir institutionnellement intérêt à retenir une interprétation symétrique de ces droits linguistiques, ce qui alimente la division. C’est du moins ce qu’indique une analyse de la jurisprudence pertinente faite à la lumière de la théorie réaliste de l’interprétation du philosophe du droit Michel Troper. Faisant un pas de plus, la présente thèse explore la possibilité pour le gouvernement du Québec et les associations de défense des droits des communautés francophones du Canada de contribuer à faire émerger une interprétation asymétrique en rendant celle-ci institutionnellement avantageuse pour les juges, qui sont des acteurs stratégiques. La théorie des contraintes juridiques développée notamment par Véronique Champeil-Desplats et Michel Troper, des collègues juristes de l’école de Nanterre, à Paris, permet d’imaginer des actions – que peuvent poser les acteurs de la francophonie canadienne – susceptibles de contraindre les juges à favoriser l’interprétation asymétrique des droits linguistiques constitutionnels.