2002
Cairn
Atmane Aggoun, « Vieillissement et immigration : Le cas des femmes kabyles en france », Retraite et société, ID : 10670/1.yfjxu5
Le «mythe kabyle» voudrait que les femmes kabyles âgées et immigrées soient «plus libres» que les femmes d’autres communautés en immigration. L’examen plus approfondi de ce mythe et les pratiques de ces femmes montrent qu’il n’est plus à l’ordre du jour et amène à nuancer largement cette affirmation mais aussi à constater que, aujourd’hui, les femmes d’origine kabyle rencontrées partagent la «double condition»(être femmes âgées et immigrées) de toutes les femmes âgées d’origine maghrébine et autres communautés immigrées. À partir de matériaux recueillis chez les femmes âgées d’origine kabyle, résidant en France, cet article se propose de montrer comment l’ambivalence du rapport à différents types d’espaces (villages d’origine et sociétés de résidence) traduit la difficulté de ces femmes âgées à vivre en tant qu’individus pauvres dans une société. Il apporte ce faisant quelques éléments de réponse à une question typique de la sociologie des migrations: comment les femmes âgées gèrent-elles un hypothétique retour au pays d’origine ? Nous observons que la majorité d’entre elles est venue sur le territoire français par le biais du regroupement familial à partir des années soixante-dix. D’autres, en revanche, sont arrivées pour des raisons économiques. Aujourd’hui veuves, célibataires, divorcées ou mariées, ces femmes ont exercé auparavant une activité professionnelle et sont dorénavant retraitées ou femmes au foyer. Comment parviennent-elles à s’intégrer dans la société française? Quel rapport entretiennent-elles avec leur pays d’origine ?