28 mars 2013
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Mila Maselli, « Les affections dentaires : un point de vue des praticiens chimiatres (XVIe-XVIIe siècles) », HAL-SHS : histoire, philosophie et sociologie des sciences et des techniques, ID : 10670/1.yqislc
Paracelse (1493-1541) avait rejeté les théories humorales, à son avis trop générales et simplistes et promu une idée de l’univers et du corps humain où des « principes » formateurs (le sel, le soufre et le mercure) orientent les combinaisons de la matière et forment les « espèces » des objets naturels. Toute maladie est une « espèce » à laquelle un remède de la même « espèce » doit correspondre ; toute inflammation n’est pas causée par une fluxion d’humeurs, mais surgit localement par l’action d’un sang vicié. Le cas des affections dentaires est no- tamment significatif à ce propos, car, n’appartenant pas à la cohorte de maladies « à la mode » (comme l’épi- lepsie ou la syphilis), elles étaient néanmoins répandues dans toutes les couches sociales. Si elles n’étaient pas souvent objet de grands traités didactiques de chimiatrie, les odontalgies ont pourtant eu le droit d’apparaître dans les recueils de cas cliniques, les observationes et les curationes, dont il est question dans notre exposé. La narration de cas cliniques est non seulement le lieu où les chimiatres peuvent prouver l’efficace des nouveaux remèdes, mais aussi un espace où ils s’autorisent à mettre en représentation les rapports, pas tout à fait paci- fiés, avec d’autres praticiens et avec les vieilles doctrines : la confrontation, explicite ou indirecte, avec les apothicaires et les autres médecins devient parfois fatidique et est l’occasion de mises au point théoriques et plaidoyers enflammés.