15 décembre 2022
Tatiana de Feraudy, « La civic tech : des professionnel·les de la communication numérique à l’assaut de la participation citoyenne (2016-2019) », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.ys0f0f
Entre 2016 et 2019, les professionnel.les de la civic tech s’intègrent au marché de la participation citoyenne en tant que fournisseurs d’outils techniques et de services, ainsi qu’en tant qu’entrepreneur.ses de cause. Ces « nouveaux entrants » se positionnent comme intermédiaires entre les citoyen.nes et les mondes politique et administratif, et comme accompagnateur.rices du changement et de la modernisation de l’action publique. Leur entrée sur le marché semble mettre en danger la professionnalisation et la reconnaissance récemment acquise par les professionnel.les de la participation. En important des références du monde du numérique pour définir leurs métiers et compétences, leurs professionnel.les de la civic tech reformulent le tropisme procédural qui caractérise les débats sur la place des outils et méthodologiques dans la participation citoyenne. En revendiquant une appartenance au milieu des start-up, les professionnel.les de la civic tech redéfinissent par ailleurs l’équilibre entre neutralité et engagement. On peut désigner cette nouvelle forme légitime d’engagement via l’entrepreneuriat comme une startupisation de la participation citoyenne. Malgré la revendication d’une neutralité technique et d’une position d’extériorité, ces professionnel.les produisent par leurs outils et leurs conseils une norme du « bien communiquer » et du « bien décider ». En valorisant la rationalité, le consensus, la bienveillance, l’action et l’innovation, ces acteur.rices peuvent participer à discréditer le conflit, la politisation et le militantisme. Ils et elles peuvent ainsi soutenir un usage néolibéral des dispositifs participatifs.