Arbitraire des signes et monnaie de singe à la Renaissance

Résumé Fr

Dans les textes littéraires, les signes monétiformes (monnaies, médailles, jetons) sont investis de valeurs instables, grâce à la mise en scène de leurs fonctions symbolique, politique et sociale. Dans l’œuvre de Rabelais, leur « arbitraire » (au sens premier de ce qui est décidé après avoir été pensé) est exhibé dans des saynètes où ils jouent un rôle décalé par rapport à leur usage : acquisition d’indulgences en « gagnant » des pardons, paiement en diverses monnaies de singe et au son de l’argent, éloge cosmique des dettes, marchandage des moutons de Panurge. Quant au jeton de Montaigne, à la fois extérieur aux Essais par sa matérialité et intérieur par la devise qu’il porte, il pourrait être considéré comme le signe vain par excellence : jeton à compter, médaille et témoin du nouveau statut du seigneur de Montaigne, il parle comme une impresa sceptique et se fond dans l’interrogation du « Que sais-je ? »