L’anguille ligérienne : une trajectoire patrimoniale chaotique et incertaine

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2024

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Chaque année, depuis 2007, la filière de la pêche côtière et les pêcheurs fluviaux européens tremblent. Les craintes qui pèsent sur la pêche artisanale française sont particulièrement vives. L’anguille et son alevin, la civelle constituent une ressource encore essentielle au maintien ces petites entreprises, mais leur exploitation est remise en question par l’effondrement multifactoriel du stock, dont les premiers signes seraient apparus au début des années 1980. L’alerte sur la dégradation du peuplement de l’anguille européenne à l’échelle de son aire de répartition a été formalisée plus précisément au tout début des années 1990, avec la publication du premier rapport du Working Group on Eel. Cette alerte faisait alors suite à la mise en évidence d’une baisse sans précédent des captures et de l’abondance de l’anguille européenne, traduisant une réduction du stock d’environ 90% depuis la fin des années 1970 (Moriarty et Dekker, 1997 ; Feunteun, 2002 ; Dekker, 2003). A la fin des années 1980, la seule exploitation de la civelle dans l’estuaire de la Loire constituait l’activité principale de plus de 200 marins pêcheurs de la Région (Guerault, Desaunay et Beillois, 1989). Malgré une réduction significative de la flottille, en 2018, la pêcherie de civelle régionale concentrait plus de 50% des quotas réservés aux marins pêcheurs et aux pêcheurs fluviaux français (Danto, 2018).Au début des années 2000, les recommandations des scientifiques se renforcent et contribuent à engager une réponse politique à l’échelle européenne. Celle-ci se concrétise par l’adoption du règlement anguille en 2007 qui fixe un cadre général pour la mise en œuvre de plans nationaux de restauration de l’espèce à l’échelle de son aire de répartition. En France, ce plan de gestion national a été approuvé en 2010. Les effets concrets des réponses européennes et nationales sont encore incertains et difficiles à évaluer. Le rétablissement du stock semble encore largement hors de portée et le statut de l’anguille européenne est de plus en plus précaire. Anguilla anguilla figure sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) en tant qu’espèce « en danger critique d’extinction ». Depuis 2022, le Conseil International pour l’Exploration de la Mer (CIEM) recommande des objectifs de zéro capture dans tous les habitats, ouvrant la voie à une fermeture temporaire (moratoire) ou durable des pêcheries. Dans le cas de l’anguille, patrimoine naturel et patrimoine culturel immatériel semblent partager un même destin. Ce chapitre propose une relecture de la trajectoire patrimoniale croisée de l’anguille et de sa pêche depuis la fin du XIXe siècle. Cet exercice prend un sens particulier dans le contexte géographique de l’actuelle Région des Pays de la Loire. En effet, l’espace régional constitue l’un des axes majeurs de la diffusion continentale de l’espèce et un des foyers européens majeurs sur le plan de la pêche commerciale et amateur.

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