2013
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Stéphane Marchand, « Le statut particulier de l'épicurisme dans le néo-pyrrhonisme », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.zm0djy
L'objet de cet article est d'essayer de déterminer dans quelle mesure la tradition épicurienne jouit d'un statut particulier chez Sextus Empiricus et plus largement dans le néo-pyrrhonisme. À première vue, Sextus présente l'épicurisme comme un exemple de philosophie dogmatique au même titre que l'aristotélisme et le stoïcisme, et ne semble pas faire de différence pour l'école du Jardin (cf. PH I 3). En outre, nous trouvons souvent, parmi les exemples de dogmatisme, des thèses épicuriennes comme la thèse selon laquelle le vide existe (M VII 213 ; VIII 329) ou encore que « la mort n'a aucun rapport avec nous ; car ce qui est dissous est insensible , et ce qui est insensible n'a aucun rapport avec nous ». Donc, avant même de parler d'un rapprochement possible entre scepticisme et épicurisme, il faut commencer par tempérer ce mouvement : s'il y a une proximité entre scep-ticisme et épicurisme, encore faut-il rappeler que celle-ci n'est jamais reconnue explicitement par Sextus Empiricus. Et réciproquement, du point de vue de la tradition épicurienne l'idée d'un rapprochement avec le scepticisme doit pa-raître absurde non seulement parce qu'il y a des arguments épicuriens contre le scepticisme , mais aussi tout simplement parce que la philosophie du Jardin est une philosophie dogmatique qui s'assume comme telle, dont le sage « élaborera des doctrines, et ne restera pas dans le doute ».