19 juin 2017
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Carine Rousselot, « Bernard-Marie Koltès : (1977-1989) le «pacte ironique» ? », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.zpw329
« Il faut prendre cela dans un sens ironique » affirmait Bernard-Marie Koltès face à l’incertitude de la réception exprimée dans Der Spiegel : « on ne sait pas vraiment jusqu’à quel point vos sentences philosophiques sont à prendre au sérieux ». Nous proposons d’explorer l’efficacité « séductrice » dont semble emprunte l'écriture koltésienne – notamment à partir de 1977 – si l'on en juge par l'intérêt qu'elle suscite très tôt et continue à susciter, par le fil tendu de l'ironie. Le concept ancien et moderne d’ironie offre à la lecture un outil opérant lorsqu’il s’agit de suivre les lignes de fuite de l’écriture koltésienne. Le concept d’ironie tel que Kierkegaard nous offre de le percevoir se fonde sur la tension insurmontable d’un « ou bien / ou bien » (aut-aut). Tensions entre les contraires, dissonances, sabotages, disparitions, masques, secret gardé par l’écriture, mentions des stratégies du mensonge et des apparences, paradoxes faits d’alliances inextricables entre comique et tragique, violence et sacré, sont autant de procédés d’écriture repérables qui semblent viser la possibilité d’une « vraie » rencontre, bien qu’intenable, entre le monde, l’auteur et son destinataire. Au carrefour de questionnements multiples, d'ordre pragmatique, esthétique, dramaturgique, philosophique, cette recherche littéraire interroge le « pacte » d’écriture d’un auteur avec l’autre, avec le monde, en quête d’un espace « vrai » à partager, dont la vérité tiendrait précisément de son impossible affirmation. Un théâtre qui dit une chose pour en faire entendre une autre.