21 septembre 2018
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Sébastien Marchand, « Recherches sur la présence grecque dans les marches iraniennes de l'empire séleucide », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.zqw1t0
Les communautés grecques d’Iran et d’Asie centrale sont encore mal connues. Jusqu’aux dernières décennies, les savants se fondaient principalement sur les sources littéraires grecques : celles-ci étant rares et fragmentaires pour ces problématiques, les Grecs d’Extrême-Orient sont longtemps restés un « parent pauvre » des études antiques. Ce mémoire s’inscrit dans la lignée du récent renouveau historiographique reposant sur l’archéologie et les découvertes épigraphiques. Il aborde la totalité du corpus épigraphique dans une étude globale. En 2012, l’helléniste G. Rougemont a rassemblé en un même volume toutes les Inscriptions grecques d’Iran et d’Asie centrale. La publication de cette compilation donnait l’occasion de dépasser la principale difficulté liée à l’étude des sources épigraphiques, qui constituent une documentation fondamentalement éparse, sans cohérence apparente. La mise en série des inscriptions rendait possible une remise en perspective propre à faire apparaître des logiques et des problématiques nouvelles que ne pouvaient mettre en évidence l’analyse ponctuelle d’inscriptions isolées. L’objectif était donc de proposer une synthèse du dossier épigraphique, de le croiser avec les sources littéraires et archéologiques, et de problématiser ces données dans une perspective régionale, afin de déterminer les invariants et les particularités de l’hellénisme dans ces régions. Cette étude révèle le maintien très clair et très affirmé des formes traditionnelles de la culture grecque en Iran et en Asie centrale. Cette culture n’est pas pour autant sclérosée, comme ce pourrait être le cas si ces communautés s’étaient refermées sur elles-mêmes. Les réalités matérielles témoignent des échanges réguliers entre les Grecs d’Asie centrale et le monde égéen, malgré les grandes distances qui les séparent de la Grèce et la difficulté des déplacements engendrée par les contraintes physiques des territoires concernés. Mais les éléments orientaux qui transparaissent dans le corpus épigraphique sont aussi autant de signes d’interférences culturelles avec le substrat dans lequel étaient implantées les communautés grecques. L’installation de Grecs en Extrême-Orient a produit des situations complexes d’altération et de métissage, des gradations nombreuses entre les Grecs et les non-Grecs, sans aboutir à la déstructuration des sociétés colonisées. La volonté des colons de reproduire leur environnement d’origine par la conservation d’une culture grecque « pure », dans ses formes classiques, n’empêcha pas les Grecs d’Iran et d’Asie centrale de s’ouvrir aussi aux influences des vieilles civilisations perse et indienne, un paradoxe apparent dont l’explication réside dans l’opposition entre une identité affichée, résolument et fièrement grecque, et une identité réelle, qui évolue au contact des réalités matérielles d’un espace original.