2024
Cairn
Marianne Mesnil, « L’Eau du Samedi et le Pays des Bienheureux. Une topographie hétérodoxe de l’au-delà en Roumanie », Études Balkaniques, ID : 10670/1.zy8adx
La population parlant un idiome issu du latin et apparue au nord du Danube Inférieur (ancienne Istrie) a développé autour de la mort des pratiques et des représentations qui évoquent une géographie originale de l’au-delà. Elle est, pour l’essentiel, le résultat d’une combinaison de deux sources qui relèvent de la transmission orale et de textes écrits : un vieux fond de croyances pré-chrétiennes et un christianisme issu, pour l’essentiel, de l’Église slavo-byzantine et de ses textes apocryphes. Tout cela a donné lieu à une forme de christianisme « hétérodoxe » rendu possible par l’absence (jusqu’au xive siècle) de toute forme d’État organisé et d’autorité religieuse coercitive. Dans cet article, nous voudrions traiter plus particulièrement de croyances et de pratiques liées à un fleuve mythique, L’Eau du Samedi, qui marque la frontière entre monde des vivants et monde des morts. C’est aussi dans son voisinage qu’il est parfois question d’un peuple énigmatique appelé Blajini, non sans rapport, sans doute, avec le Pays des Bienheureux du Roman d’Alexandre évoqué dans sa version roumaine (1620), issue d’un manuscrit serbe colporté au nord et à l’ouest des Balkans. Ces apports de la littérature écrite ont été, à leur tour, amalgamés à un fond de croyances touchant à la mort et à l’au-delà, particulièrement développées dans les traditions paysannes roumaines.