12 janvier 2024
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Claire Miot, « Réprimer, discipliner ou médicaliser ? », Presses universitaires de Provence, ID : 10670/1.zymfdp
Au printemps 1945, la rapide augmentation des cas de syphilis, blennorragies et chancres dans les rangs de la Première armée française, lors de la phase d’invasion puis d’occupation, témoigne de la multiplication des contacts intimes entre vainqueurs et vaincues, contraints ou consentis. Le commandement s’en alarme rapidement, car à une angoisse morale et patriotique s’ajoutent des préoccupations militaires. En effet, convaincue de la possibilité de l’émergence de résistances au sein de la population allemande, la hiérarchie militaire redoute que le sexe ne soit utilisé par les civils comme arme contre l’occupant. L’épidémie vénérienne serait alors susceptible d’affaiblir considérablement l’armée en occupation. Ce chapitre entend esquisser une histoire de la gestion des maladies vénériennes par l’armée française dans les premiers temps de l’occupation en Allemagne au croisement de celle de l’intime, des sexualités, des violences genrées, mais aussi de la médecine, en temps de guerre et de sortie de guerre. Il montre que se met en place, en Allemagne, une politique prophylaxique plutôt bienveillante à l’égard des hommes vainqueurs, autoritaire à l’égard des femmes occupées.