11 novembre 2019
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Claire Chauvin, « Les Bergers de Pétrarque et Boccace », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.zyr6wn
Le Trecento italien est le cadre de la publication de deux recueils d’églogues inspirés de Virgile, dont les auteurs sont Pétrarque et Boccace. Dans ce contexte pré-humaniste, la figure du berger fait l’objet d’une recherche particulière et concentre des enjeux politiques, religieux et esthétiques. La dimension politique est une évidence dans les Bucoliques de Virgile, mais les églogues de nos auteurs en offrent une déclinaison singulière. Le monde pastoral permet en effet une réflexion sur la figure du roi-berger, incarné particulièrement par le roi de Naples Robert d’Anjou, doté, comme son modèle pastoral, de capacités fédératrices et régnant sur un vaste cheptel. S’appuyant sur les mêmes sources bibliques, le christianisme a particulièrement investi la métaphore pastorale, notamment le motif du bon-pasteur, de sorte que la transposition de références chrétiennes dans le cadre pastoral ne paraît absolument pas incongrue. Le message biblique se trouve alors développé grâce aux allégories pastorales dans un environnement initialement nourri de paganisme. Enfin, conformément à la tradition poétique consacrée dans l’Antiquité, le premier poète fut un berger, de sorte que le monde pastoral constitue un espace littéraire privilégié pour qui se réclame de la tradition antique. Cette recherche du modèle antique est au cœur des travaux de Pétrarque et Boccace qui contribuent ainsi à installer durablement le motif pastoral dans l’imaginaire poétique du XVème siècle.