27 février 2020
Vanessa Di Paola et al., « Woman in MANagement - - Quel genre de managers avant 40 ans ? Faits et discours dans quatre pays européens », HAL-SHS : études de genres, ID : 10670/1.zzdqbu
Ce projet propose d’étudier les mécanismes à l’œuvre dans l’accès, l’exercice et l'avancement dans les métiers d’encadrement des femmes en première partie de carrière et ce dans quatre contextes sociétaux (France, Royaume-Uni, Suisse et Suède). Le parti pris est de se focaliser sur cette période au cours de laquelle les femmes sont à la fois prises par l'intensité de leur investissement professionnel lié à l'exercice de ce type de responsabilités à un moment où les opportunités de promotion sont importantes et, éventuellement, fortement mobilisées dans la constitution d'une famille et l'engagement temporel qui lui est inhérent. L’objectif vise à articuler simultanément plusieurs niveaux d’analyse : le niveau individuel, le niveau des pratiques organisationnelles de la gestion de la main-d’œuvre et celui de l’action publique. La confrontation des contextes sociétaux permet de mettre en évidence les interactions entre les dimensions éducatives, professionnelles, familiales et institutionnelles agissant sur la composition genrée de ces professions de managers.La méthodologie recourt à la fois à des analyses quantitatives et qualitatives, mobilisant l’économie et la sociologie. A travers l’approche économétrique et le recueil des discours sur les parcours individuels, il s’agit de cerner ce qui facilite ou au contraire freine l’accès et l’exercice des fonctions d’encadrement, en mettant en regard freins, facilitateurs et conditions sociales de leur production. Au-delà des parcours, ce sont également les registres de justification des responsables hiérarchiques pour favoriser (ou non) la féminisation des fonctions d’encadrement qui sont étudiés, ces discours, par hypothèse, contribuant, dans chaque pays de manière singulière, à reproduire la division sexuée du travail via une vision stéréotypée des compétences « féminines » et « masculines ».La première originalité de ce projet réside dans l’usage de méthodes mixtes pour comprendre les processus complexes qui mettent en lien différents niveaux de ressources que sont les données quantitatives macroéconomiques ou individuelles et les données qualitatives. Sur ce thème du plafond de verre largement étudié, la deuxième originalité tient dans l’approche comparative visant à identifier les leviers pour favoriser l’égalité professionnelle entre femmes et hommes selon les configurations institutionnelles et sociétales. L’analyse qualitative proposée est elle-même innovante car elle est conduite sur une seule organisation française ayant des filiales dans les trois autres pays. Elle permet d’interroger comment une même culture d’entreprise assortie de sa politique de ressources humaines trans-nationales, s’appliquant donc tant dans l’entreprise mère que dans ses filiales à l’étranger, peut générer des parcours de carrière des managers plus ou moins formatés et susceptibles d’entrer en conflit avec des comportements et des « stratégies » individuelles qui se déploient différemment en fonction des cultures nationales en matière de répartition sexuée des rôles sociaux et des environnements institutionnels et sociétaux dans lesquels elles s’inscrivent.