1989
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Alfred Perrenoud, « Atténuation des crises et déclin de la mortalité », Annales de Démographie Historique, ID : 10.3406/adh.1989.1729
La question des déterminants du recul de la mortalité avant la révolution pasteurienne demeure des plus controversée. On est loin de pouvoir mesurer l'effet intrinsèque des différents facteurs et les modalités de leurs interactions. Même les caractéristiques les plus générales, telles que les étapes et la nature du déclin de la mortalité, demeurent mal connues. Notamment le rôle que joue l'atténuation des crises dans ce déclin. Se fondant sur les données disponibles, cet article s'efforce de démontrer que la baisse tendancielle de la mortalité est due moins à l'atténuation et à la disparition des crises qu'à une inflexion du régime "normal" de celle-ci. Que l'évolution n'est pas linéaire, mais qu'elle est faite par bonds successifs, selon des modalités très comparables d'un pays à l'autre, mais sur des courbes de tendance divergeantes. Ceci cadre mal avec une explication de type socio-économique, et incite à se tourner vers des facteurs qui ne relèvent pas de l'intervention humaine, d'ordre biologique ou naturel, le climat en particulier. Les variations climatiques peuvent affecter la mortalité soit indirectement par l'influence qu'elles exercent sur les disponibilités alimentaires, soit directement par l'effet biométéorologique. Les arguments avancés se réfèrent toujours aux effets négatifs d'un refroidissement climatique. Or l'évolution de la mortalité en Angleterre permet maintenant de se demander s'il ne convient pas d'inverser la relation. En effet, les périodes de recul de la mortalité correspondent toujours à des périodes de refroidissement alors que le réchauffement s'accompagnent systématiquement d'une aggravation de la mortalité. Ne doit-on pas en déduire que le froid agit sur l'équilibre pathocénotique dans un sens favorable pour l'homme ?