La régionalisation de la surmortalité des jeunes filles en Belgique entre 1890 et 1910

Résumé En Fr

In this article we describe the evolution of mortality and differential mortality between the sexes in Belgium from birth till the 20th birthday during the period 1890-1910. Excess female mortality occured especially between the ages of 5 and 20 and had a favourable development during the period of observation : in 1910 the phenomen was not as general as in 1890, but it still existed in 21 of the 41 districts, with variable intensity. Excess female mortality declined more rapidely in the South than in the North of the country. We noted on the other hand that the intensity of the phenomen was not related to the level of mortality. Research on the causes of death helped to define the nature of excess female mortality : tuberculosis, a related cause to excess female mortality, dropped clearly during this period, conséquence of better working conditions and a better standard of living. The analysis of excess female mortality in areas with a different System of production showed the importance of the position of girls (and boys) in the production process towards the explanation of the spatial variation of excess female mortality. The female disavantage was most important in rural and textile areas due to the intensity and the nature of the labour of girls in these regions.

Dans cet article nous avons essayé de retracer l'évolution de la mortalité et des différences de mortalité entre sexes de la naissance à 20 ans en Belgique au cours de la période 1890-1910. Nous avons observé que la surmortalité féminine se manifeste avant tout aux âges 5-19 ans et qu'elle connaît une évolution favorable pendant la période d'observation. En 1910 le phénomène n'est pas aussi général qu'en 1890, mais il perdure dans 21 des 41 arrondissements, doté d'une ampleur variable. La surmortalité féminine est moins importante et recule plus rapidement dans le Sud que dans le Nord du pays. On a enregistré, par ailleurs, que l'intensité du phénomène n'a guère de relation avec le niveau de mortalité. L'examen des causes médicales de décès a permis de préciser la nature de la surmortalité féminine : la tuberculose, cause associée à cette surmortalité féminine, a sensiblement régressé au cours de cette période, conséquence d'une amélioration des conditions de travail et de l'élévation du niveau de vie. L'analyse de la surmortalité féminine dans les zones à structures économiques extrêmes a signalé l'importance de la place de la fille (et du garçon) dans le système de production comme facteur d'explication des variations spatiales de la surmortalité féminine. Nous avons constaté que le désavantage féminin se situait surtout dans les arrondissements ruraux et textiles et que l'intensité et la nature du travail des filles étaient à l'origine de cette situation.