2004
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Jean-Luc Chappey, « Enjeux sociaux et politiques de la « vulgarisation scientifique» en révolution ( 1780-1810) », Annales historiques de la Révolution française, ID : 10.3406/ahrf.2004.2737
La notion de « vulgarisation scientifique » tend à amalgamer des phénomènes qui apparaissent particulièrement divers au risque souvent de la réification. En nous appuyant sur l'étude des transformations théoriques et sociales qui caractérisent le monde des sciences et des savants entre la fin de l'Ancien Régime et l'époque impériale, nous tenterons de préciser les enjeux qui cernent les stratégies de conquête du « public » et de faire apparaître le caractère complexe des relations qui se nouent entre les savants et la société. Cette étude permettra particulièrement de vérifier la singularité du « modèle français » dans le domaine de l'organisation de la science, une singularité qu'il faut rechercher du côté des rapports particuliers que le science entretient avec l'État. À partir de l'analyse des différentes conceptions de la science qui se juxtaposent et s'opposent (science mondaine, utile, sévère et officielle) et de l'étude des étapes qui ponctuent le processus de spécialisation et de professionnalisation des savoirs entre 1780 et 1810, nous montrerons que la «vulgarisation scientifique», telle qu'elle s'impose au XIXe siècle, est le produit de logiques « internes » et « externes » qui rendent nécessaire le croisement entre l'histoire scientifique et l'histoire sociale et politique. Nous verrons ainsi qu'il n'est pas paradoxal d'affirmer que la vulgarisation scientifique n'apparaît et n'est possible qu'à condition d'une réelle distanciation entre la science et le public.