2010
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Catherine Basset, « L’univers du gamelan : opposition théorique et unicité fondamentale », Archipel, ID : 10.3406/arch.2010.4164
L’univers du gamelan : opposition théorique et unicité fondamentale Cet article décrit comment les a priori musicologiques occidentaux ont distordu la théorie moderne de la musique de gamelan, au point de la décrire à l’opposé des valeurs et référents de la culture traditionnelle. Sur cette base bancale, une inutile confusion musicologique et anthropologique a été ajoutée par la création, dans les années 1950, du gatra, une unité téléologique de 4 notes. Inspirée des règles et de la notation de la poésie javanaise, le gatra a été traité comme une mesure du temps remplaçant la mesure à 4/ 4 occidentale précédemment adoptée. Mais le gatra ne permet pas de noter le rythme de façon satisfaisante, si bien que dans les partitions, le temps téléologique de la «mesure-gatra » a dû être superposé à son opposé, l’écriture acrologique du rythme (telle que dans les mesures occidentales). Certains ethnomusicologues, notamment J. and A. Becker à la fin des années 1970, mettaient pourtant en lumière une structure fondamentale non linéaire et même un mandala musical, plus près de la cosmologie sonore des traités locaux anciens sur la musique de gamelan. En se départissant du gatra comme de tout paramètre occidental, et en créant un système de notation représentant l’architecture sonore, C. Basset a mis en évidence une cohérence musicale et culturelle qui devrait faire cesser l’opposition théorique entre la structure concentrique carillonnée au gamelan et les phrasés mélodiques téléologiques (du chant poétique et des instruments individuels) qui s’y superposent dans la musique sophistiquée du gendhing javanais. Ainsi considéré, le gendhing javanais contemporain apparaît comme une combinaison esthétique du son composite des rituels, non pas une trahison de la tradition, mais bien l’apogée qu’il prétend être.