Changements environnementaux et sociétés humaines dans les moyennes montagnes granitiques du Massif Central oriental au cours de l'Holocène : les enseignements tirés du croisement des données géomorphologiques, palynologiques et archéologiques

Résumé En Fr

This paper synthesizes and discusses major results of an interdisciplinary program "the Loire Basin Long Term Environmental Research Project", on the history of man's occupation and palaeoenvironmental changes during the last 13 000 years in the granitic, mountainous regions of the eastern Massif Central, France. Various difficulties were encounter in attempting this regional environmental reconstruction, particularly when confronting and archaeological findings. Results for flood plains and intra-montane basins primarily concerned geomorphology and archaeology, whereas results for mountain areas were primarily obtained for geomorphology and palynology. Moreover, the amount of archaeological results varies considerably depending on the period, and only becomes abundant after the Neolithic, that is in the beginning of the Sub- Boreal. In spite of these limitations, the combination of all these different data sources demonstrates mans' presence in certain areas as early as the beginning of the recent Atlantic, after 5900 B.P., which coincides with a first drop in forestry tree pollens at the Digonniere peatbog (Massif du Pilat). Evidence of man's activity becomes more numerous in the Sub-Boreal. In addition to palynological evidence, signs of morphodynamic crises in the fflrd c. B.C. were found at different sites, which is coherent with the available archaeological evidence for that time. Further archaeological investigation is needed to clearly determine the extent and the development of mans' occupation of this region. Attention should also be given to the relatively low proportions of tree pollens in the Boreal and the frequent presence of cinders at the base of Boreal and Atlantic mires. These results could possibly testify to mans' presence and modification of these environments at even earlier times.

Des recherches géomorphologiques, palynologiques et archéologiques concernant l'histoire du peuplement et les changements paléogéographiques au cours des 13 000 dernières années se sont développées depuis 1997 dans les moyennes montagnes granitiques du Massif Central oriental. Les difficultés afférentes à cet essai de reconstitution paléoenvironnementale sont nombreuses. Elles apparaissent tout d'abord lors de la confrontation des données naturalistes et archéologiques puis dans la synthèse des informations provenant des grandes plaines alluviales des bassins intramontagnards, principalement de nature géomorphologique et archéologique, avec celles collectées dans le domaine montagneux, essentiellement à caractère géomorphologique et palynologique. Par ailleurs le corpus de données archéologiques varie sensiblement selon les périodes, les informations recueillies ne devenant véritablement abondantes qu'à partir du Néolithique final, soit au début du Subboréal. La compilation et la confrontation des différentes données paléoenvironnementales et archéologiques permettent cependant de mettre en évidence une présence humaine notable dans certains secteurs dès la charnière Atlantique ancien/ Atlantique récent, à partir de 5900 BP vraisemblablement, date à laquelle est perçue dans le diagramme pollinique de la Digonnière (Massif du Pilât) la première chute de la courbe des arbres forestiers. Les preuves d'activité humaine sont plus diverses et plus nombreuses à partir du Subboréal. En plus des indices palynologiques de ranthropisation, des ruptures ont été observées localement dans les morphodynamiques de versant, au IIIème millénaire avant J.-C. et à la Tène, une information qui s'accorde bien avec les nombreuses données archéologiques régionales disponibles pour ces périodes. La poursuite des recherches est cependant indispensable pour préciser l'importance et la nature de cette présence humaine. Il conviendra également de vérifier si la faiblesse relative des pourcentages de pollen d'arbres au Boréal et la présence de couches à incendies à la base de tourbières antérieures à l'Atlantique récent ne pourraient pas être des conséquences d'une emprise humaine sur les milieux encore plus précoce.