2013
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Giuliano Milani, « La guerra e la giustizia : Brunetto Latini e l'esclusione politica », Arzanà. Cahiers de littérature médiévale italienne, ID : 10.3406/arzan.2013.1025
Cherchant à combler le hiatus entre études littéraires et études historiques, l'auteur de cette contribution propose une relecture de l'itinéraire politique de Brunetto Latini, à partir des textes où cet auteur florentin se prononce sur les bannissements subis par lui-même, ses amis et ses ennemis politiques. Son attitude varie selon le contexte, mais tout en continuant de s'inscrire dans le cadre d'une idéologie "populaire". A l'époque de l'exécution de Tesauro Beccaria (1258), Brunetto Latini soutient une idéologie qui fait de la Commune une autorité super partes dont la justice se fonde précisément sur cette équidistance supérieure ; deux années plus tard, lorsqu'il est à son tour banni par le nouveau régime gibelin, l'exclusion de la ville est interprétée comme une véritable arme de guerre. Cette position, qui le rapproche des fuoriusciti guelfes, comme le montrent la dédicace de la Rettorica et plusieurs passages du Trésor, lui permettra, par la suite, de jouer un rôle éminent après son retour à Florence. Le point de vue de Brunetto Latini se modifie encore lorsque se précise le projet de Grégoire X visant à endiguer le pouvoir des guelfes. Si, d'après l'hypothèse de Maffia Scariati, la rédaction du Tesoretto se situe précisément à cette époque, Brunetto renoue alors avec un projet idéologique "populaire" qui le fait revenir sur l'aval donné à l'exécution de 1258 et l'amène à souhaiter que Charles d'Anjou gouverne une Florence enfin pacifiée. C'est là le projet politique dont la poursuite, en dépit des interruptions dues à des moments de crise, allait sauvegarder la cohésion de la république pendant encore au moins un siècle.