2013
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Raffaella Zanni, « Dalla lontananza all'esilio nella lirica italiana del XIII secolo », Arzanà. Cahiers de littérature médiévale italienne, ID : 10.3406/arzan.2013.1043
Cette contribution porte sur le thème de l'éloignement dans la poésie italienne des origines, depuis les Siciliens jusqu'aux poètes florentins précédant le Stilnovo. L'amour de loin, le thème par lequel la poésie courtoise exprime les effets psychologiques de l'éloignement de la femme aimée, fournit à la première génération de poètes toscans les moyens (métriques, métaphoriques et lexicaux) de dire l'éloignement politique subi par le citoyen banni de sa propre ville. Le rapport entre èros et politique s'impose chez les poètes florentins de l'époque de Montaperti : grâce au jeu sur l'interchangeabilité des objets de l'amour -la femme et la ville -dont le "je" poétique est éloigné, ce thème se fait alors plus explicitement politique. C'est sans doute l'expérience vécue du bannissement qui rend possible cette resémantisation du topos courtois de l'amour de loin, qui s'était déjà prêté, chez les Siciliens, à l'évocation de situations, certes pas politiques, mais cependant "réalistes". La réécriture sicilienne du modèle provençal constitue l'archétype de l'expression florentine de l'éloignement de la femme-ville. Un éloignement qui est toujours métaphoriquement réversible, temporaire : comme l'était de fait (mais ne le sera plus pour Dante) la condition des citoyens bannis jusqu'à la fin du XIIIe siècle.